Tunisie : La baisse des taux, un tournant que la Banque centrale reporte ?
Après plus de six mois de maintien de son taux d’intérêt directeur à 7,5 %, la Banque centrale de Tunisie est confrontée à une nouvelle réalité économique caractérisée par un net recul de l’inflation et une stabilité relative des prix. Selon plusieurs experts, cette situation rend difficilement justifiable le maintien d’une politique monétaire aussi restrictive.
Inflation et pétrole en baisse
Récemment, l’inflation en Tunisie a poursuivi sa tendance à la baisse pour s’établir à 5 % en septembre, après avoir dépassé le seuil de 10,4 % au début de l’année 2023, selon les données de l’Institut national de la statistique. Cette diminution constante s’est accompagnée d’un repli des cours du pétrole et des matières premières au niveau mondial après la fin de la guerre à Gaza, créant ainsi, selon l’expert économique et universitaire Reda Chkondali, une marge de manœuvre confortable pour que la Banque centrale revoie sa politique.
Chkondali : « Il n’y a plus aucune raison de reporter la baisse »
L’expert économique et universitaire Ridha Chkondali affirme, dans une déclaration à Mosaïque, que « la tendance à la baisse de l’inflation, amorcée en 2023, est claire et stable. Avec un taux d’inflation actuel de 5 % contre un taux directeur de 7,5 %, l’écart entre les deux est d’environ 2,5 points, ce qui représente une marge très confortable. »
Chkondali ajoute : « Lors de sa prochaine réunion, le Conseil de la Banque centrale ne trouvera aucun motif de reporter la baisse du taux d’intérêt. La réduction attendue ne devrait pas être inférieure à cinquante points de base (0,5 %), car tous les indicateurs sont favorables, d’autant que les prix mondiaux du pétrole diminuent, les matières premières se stabilisent et les risques inflationnistes restent très limités. »
Selon lui, une baisse des taux permettrait de « réduire le coût de l’investissement et de relancer l’activité économique », tout en stimulant la consommation « en améliorant la capacité d’emprunt des ménages et des entreprises ».
Moez Hadidan : « Le contexte est favorable… mais la Banque centrale reste prudente »
De son côté, l’analyste financier Moez Hadidan estime que « l’écart important entre le taux directeur (7,5 %) et le taux d’inflation (5 %) permet théoriquement à la Banque centrale d’envisager un assouplissement, même partiel. »
Il précise : « Le taux d’intérêt réel en Tunisie est désormais clairement positif, ce qui signifie que l’inflation ne représente plus une menace directe pour les prix. Malgré cela, la Banque centrale semble maintenir une attitude prudente et pourrait attendre de confirmer la stabilité de l’inflation dans les prochains mois avant d’agir. »
Hadidan avance que « cette prudence s’explique par les anticipations de la Banque centrale, qui redoute une légère remontée de l’inflation en cas d’accroissement de la consommation ou de nouvelle hausse des prix mondiaux. »

