Jemna : les agriculteurs en grève contre un prix abusif
La récolte des dattes est à l’arrêt ce jeudi dans la région de Jemna. De nombreux agriculteurs ont décidé d’interrompre la cueillette en signe de protestation contre une baisse soudaine du prix d’achat de la précieuse Deglet Nour, imposée par plusieurs conditionneurs locaux.
Selon plusieurs sources sur place, le prix du kilogramme de la Deglet Nour de première catégorie (en régime) est passé sans préavis de 3 500 à 3 000 millimes. La deuxième catégorie subit le même sort, voyant son prix chuter de 2 500 à 2 000 millimes le kilo.
Un coup dur pour les efforts des agriculteurs
Interrogés par notre rédaction, des agriculteurs, dont Hamed Al-Jalidi, Mohamed Ben Mansour et Ali Ben Mohamed, ont exprimé leur stupéfaction et leur colère. Ils dénoncent une décision qu’ils qualifient d’« abus contre l’effort de l’agriculteur », soulignant avoir pourtant maintenu une qualité de production élevée malgré les défis de la saison.
Ils rappellent que ce nouveau tarif ne couvre pas les coûts de production, pourtant essentiels à la culture du palmier. Pollinisation, traitement contre l’araignée rouge, étayage, emballage des régimes pour les protéger des intempéries… autant d’interventions coûteuses, sans compter la rareté et le prix élevé de la main-d’œuvre.
L’agriculteur, « maillon le plus faible »
Les producteurs se considèrent comme le « maillon le plus faible » de la filière, soumis à des pressions constantes, notamment lors de la commercialisation. Ils estiment devoir percevoir la part la plus importante des revenus pour assurer la pérennité des oasis et améliorer la productivité. Or, ces réductions de prix risquent, selon eux, de pousser de nombreux exploitants à abandonner leurs terres, mettant en péril un pilier essentiel de l’économie régionale.
Ils révèlent avoir déjà accepté, contraints et forcés, le prix de 3 500 millimes pour la première catégorie, bien en deçà des 5 200 millimes initialement prévus lors d’une réunion sectorielle tenue le 14 octobre dernier. La deuxième catégorie était, elle, fixée à 4 500 millimes à l’époque.
Un appel à l’intervention des autorités
Face à cette situation, les agriculteurs lancent un appel pressant aux autorités régionales et aux responsables du secteur agricole. Ils les exhortent à intervenir pour les protéger de ce qu’ils décrivent comme la « voracité des exportateurs », qui menace directement les moyens de subsistance des habitants de la région.
En solidarité, ils exhortent l’ensemble des producteurs à suspendre la récolte jusqu’à l’obtention d’une solution satisfaisante, qui prenne en compte le coût réel de la production. La coïncidence de cette baisse avec le début d’une saison des récoltes qui n’a pas duré plus de quinze jours ajoute à l’urgence de la situation.

