Economie

Risques et réformes : Bilan du secteur bancaire tunisien

En 2023, le secteur bancaire tunisien a continué d’afficher des performances financières solides, mais le risque de crédit est demeuré relativement pesant.

Cette situation complexe reflète un mélange de bénéfices élevés et de risques impactant la liquidité et la solvabilité, exacerbés par des retards dans certains ajustements économiques cruciaux.

Les banques tunisiennes ont enregistré un rendement annualisé moyen des capitaux propres de 13,6% au cours du premier semestre de 2023.

Ce chiffre représente une augmentation notable et témoigne de la capacité des dix plus grandes banques du pays à générer des bénéfices importants. Ces performances financières robustes montrent que le secteur bancaire peut toujours attirer des investissements et maintenir une certaine stabilité.

Malgré ces bénéfices élevés, plusieurs risques émergent. La diminution de la mobilisation des ressources d’emprunt a accru la dépendance des banques tunisiennes vis-à-vis du financement monétaire.

Cette situation pourrait affaiblir leur liquidité et accroître les risques de solvabilité. À la fin de mai 2023, les créances du secteur bancaire sous formes de crédits souverains s’élevaient à 20 milliards de dinars, soit 12% du PIB. Cette dépendance accrue au financement central est préoccupante car elle expose les banques à des vulnérabilités systémiques.

La restructuration de la dette souveraine en monnaie locale pourrait également entraîner des conséquences sur la capitalisation des banques.

Si certaines banques ne parviennent pas à respecter leurs exigences minimales en matière d’adéquation des fonds propres réglementaires, cela pourrait aggraver les risques de crédit et de liquidité.

La gestion des risques par les banques tunisiennes est jugée relativement normative mais dans certains cas, des risques de crédit et de liquidité sont plutôt pesants.

Une partie importante des fonds propres du secteur bancaire a été impactée par les prêts souverains, représentant 90% des fonds propres. Cette situation des fonds propres pose, dans certaines situations, des risques pour le secteur bancaire, limitant sa capacité à absorber les chocs financiers et à maintenir sa résilience notamment pour quelques établissements vulnérables à ce type de positions.

Pour atténuer ces risques qui sont tout de même maitrisés pour la plupart des banques tunisiennes, des réformes structurelles sont essentielles. Les banques tunisiennes doivent améliorer leur gestion des risques en adoptant des pratiques plus rigoureuses et en renforçant leurs contrôles internes. Une modernisation du cadre légal de la faillite et une amélioration de l’intermédiation bancaire sont également nécessaires pour renforcer la résilience du secteur financier.

La réduction de la dépendance excessive au financement monétaire est capitale. Les banques doivent diversifier leurs sources de financement et diminuer leur exposition aux prêts souverains. Le développement de nouvelles sources de financement, telles que le capital-risque, pourrait offrir des alternatives viables pour soutenir les entreprises et réduire la pression sur le système bancaire traditionnel.

Bien que les banques tunisiennes aient enregistré des bénéfices élevés en 2023, ces performances solides sont occultées par des risques croissants de liquidité et de solvabilité.

La dépendance excessive au financement central, combinée à une gestion des risques limitée, pose des défis pour la viabilité du secteur bancaire. Pour garantir une solvabilité durable et réduire le risque de crédit, les banques doivent adopter des réformes structurelles et renforcer leur gestion des risques. Avec les mesures appropriées, le secteur bancaire tunisien peut surmonter ces défis et continuer à jouer un rôle crucial dans le soutien à l’économie nationale.

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