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La Tunisie s’engage sur la voie d’un futur vert en misant sur les énergies renouvelables

Entre hausse de la consommation nationale, volatilité des hydrocarbures et urgences climatiques, la Tunisie, à l’instar des autres pays, fait face à de lourds enjeux énergétiques.

Dans ce contexte, deux axes complémentaires s’imposent : d’un côté, la maîtrise et l’efficacité de la consommation ; de l’autre, l’essor des énergies renouvelables. Ensemble, ils constituent un choix stratégique pour renforcer la sécurité énergétique et poser les bases d’un modèle de développement durable.

Les renouvelables, une alternative propre et durable

Les énergies renouvelables s’appuient sur des ressources naturelles inépuisables et continuellement régénérées : soleil, vent, eau, chaleur du sous-sol et biomasse. Elles offrent une alternative crédible aux combustibles fossiles, en réduisant les émissions de carbone, en luttant contre le changement climatique et en limitant les pollutions qui affectent l’environnement et la santé. À la clé : une électricité plus propre et pérenne, au bénéfice des générations actuelles et futures.

Efficacité énergétique : un levier incontournable

La maîtrise de la demande passe par un usage conscient et efficace de l’énergie, qui réduit le gaspillage sans sacrifier le confort ni la productivité. Pilier de la durabilité, cette démarche cherche l’équilibre entre qualité de vie et réduction des consommations superflues. Elle s’appuie à la fois sur des comportements responsables et sur des technologies adaptées, à la maison comme au travail et dans l’industrie.

Au-delà des économies sur la facture, l’efficacité énergétique protège l’environnement en limitant les émissions nocives et consolide la sécurité d’approvisionnement en diminuant la dépendance aux sources conventionnelles. Elle ouvre ainsi la voie à une transition plus rapide vers un système énergétique à la fois soutenable et performant.

Sobriété énergétique : faire de l’attitude domestique une cause collective

Au-delà du bon sens citoyen, la maîtrise de l’énergie est une exigence environnementale et économique. Elle se construit par des gestes simples, à la portée de chacun. En voici les principaux leviers :

  • Privilégier des appareils économes : choisir des équipements à haute efficacité énergétique (étiquetés A+++).

  • Éteindre plutôt que laisser en veille : couper les appareils non utilisés et éteindre lumières et écrans en quittant une pièce.

  • Adopter des mobilités durables : marcher ou utiliser le vélo pour les courtes distances ; privilégier les transports en commun ou, lorsque c’est possible, la voiture électrique.

  • Mieux isoler son logement : renforcer l’isolation des toitures et des murs pour limiter les pertes de chaleur en hiver et la surchauffe en été.

  • Économiser l’eau : réparer les fuites, installer des pommes de douche à faible débit et réduire le temps passé sous la douche.

  • Informer et sensibiliser : relayer les bonnes pratiques via des campagnes, ateliers et actions pédagogiques.

Additionnés à l’échelle du pays, ces gestes allègent la facture des ménages, réduisent les émissions et renforcent la sécurité énergétique, un pas concret vers une transition verte réussie.

Énergie verte : le battement vital d’un monde en mutation

Qu’est-ce que l’énergie renouvelable ?

L’énergie renouvelable provient de sources naturelles qui se régénèrent plus vite qu’on ne les consomme. Le soleil et le vent en sont les exemples les plus parlants : disponibles en continu, abondants et présents partout autour de nous. Ces ressources alimentent des solutions capables de produire une électricité propre et durable.

À l’inverse, les combustibles fossiles: charbon, pétrole, gaz sont des ressources non renouvelables, formées sur des centaines de millions d’années.

Leur combustion pour produire de l’énergie libère des gaz à effet de serre, au premier rang desquels le dioxyde de carbone (CO₂), aux conséquences néfastes pour le climat.

Les émissions associées à la production d’énergie renouvelable sont, elles, nettement inférieures à celles issues des fossiles. C’est pourquoi le passage d’un modèle fondé sur les hydrocarbures, a un système appuyé sur les renouvelables s’impose comme un levier essentiel pour répondre à l’urgence climatique.

Pourquoi l’énergie verte devient la norme ?

Les énergies renouvelables gagnent en attractivité partout, y compris dans les pays à revenu faible et intermédiaire, où se concentrera l’essentiel de la demande additionnelle d’électricité propre. La baisse des coûts ouvre, dès à présent, une fenêtre d’opportunité pour couvrir une large part des nouveaux besoins énergétiques des prochaines années via des sources bas carbone.

Selon les projections de référence, l’électricité produite à faible coût à partir de ressources renouvelables pourrait représenter 65 % de l’approvisionnement mondial d’ici 2030. À l’horizon 2050, elle permettrait de décarboner jusqu’à 90 % du secteur de l’électricité, réduisant fortement les émissions et contribuant à l’atténuation du changement climatique.

L’Agence internationale de l’énergie souligne par ailleurs que, malgré des coûts du solaire et de l’éolien restés en 2022–2023 au-dessus des niveaux d’avant-pandémie, du fait de la hausse des prix des matières premières et du transport, leur compétitivité s’est renforcée, portée par l’envolée encore plus marquée des prix du gaz et du charbon.

Autrement dit, les énergies renouvelables sont désormais, plus que jamais, un choix rationnel sur les plans économique et climatique.

Transition vers une énergie propre : une nécessité  sanitaire et écologique

Selon l’Organisation mondiale de la santé, 99 % de la population mondiale respire un air pollué dépassant les normes recommandées, avec à la clé un risque majeur pour la santé publique. Plus de 13 millions de décès chaque année seraient liés à des facteurs environnementaux évitables, au premier rang desquels la pollution atmosphérique. Celle-ci est fortement associée à la combustion des énergies fossiles, qui émet des particules fines et du dioxyde d’azote à des niveaux dangereux. En 2018, le coût sanitaire et économique de cette pollution a été évalué à 2,9 milliards de dollars, soit près de 8 milliards par jour.

Face à ce constat, la transition vers des sources d’énergie renouvelables s’impose comme une urgence, non seulement pour endiguer le changement climatique, mais aussi pour réduire la pollution de l’air et protéger la santé des populations.

Énergies propres, pilier d’un futur résilient

Les sources d’énergie propre produisent de l’électricité sans polluer l’environnement ni émettre de gaz à effet de serre, ce qui en fait une option durable et respectueuse de la nature. Parmi les principales filières figurent :

  • Le solaire, qui capte l’énergie du soleil

  • L’éolien, porté par la force du vent

  • L’hydroélectricité, issue du débit des rivières et des barrages

  • La géothermie, qui valorise la chaleur du sous-sol

  • La bioénergie, produite à partir de matières organiques renouvelables.

Le développement de ces filières est essentiel pour réduire la dépendance aux combustibles fossiles et garantir un avenir énergétique plus propre et protégé.

La dynamique tunisienne

En Tunisie, les autorités ont engagé des mesures concrètes pour intégrer davantage les énergies renouvelables dans le mix national, avec un double.

Ces mesures visent à augmenter la part d’électricité propre tout en maîtrisant la consommation.

Malgré des défis bien réels  comme les coûts d’installation et d’exploitation, aléas climatiques pouvant affecter la production, le pays confirme sa trajectoire de transition en mettant à niveau le cadre législatif et en mobilisant le Fonds de transition énergétique.

Dans la perspective d’une transition ordonnée, la Tunisie progresse et associe sécurité d’approvisionnement, sobriété et décarbonation, des jalons nécessaires à la résilience énergétique.

Transition énergétique en Tunisie : une vision stratégique au service du développement durable

Depuis plus de trois décennies, la Tunisie mise sur une politique proactive de maîtrise de l’énergie articulée autour de deux piliers : sobriété/efficacité et déploiement des énergies renouvelables. Malgré des avancées tangibles, des défis persistent : coûts d’installation et d’exploitation des systèmes verts, aléas climatiques pouvant affecter la production (variabilité du vent et de l’ensoleillement) et besoins d’infrastructures nouvelles pour le transport et le stockage de l’électricité.

Un cadre public structurant

Pour répondre à ces enjeux, le pays a engagé dès 2013 une stratégie de transition à moyen et long termes. Deux jalons majeurs l’appuient :

  • Le Fonds de transition énergétique (2013), destiné à catalyser les investissements et l’efficacité.

  • La loi de 2015 sur la production d’électricité à partir des renouvelables, qui ouvre et sécurise le marché.

Ces instruments prolongent un socle plus ancien : le cadre solaire de 1985 et la création la même année de l’Agence nationale de maîtrise de l’énergie (ANME), placée sous la tutelle du ministère de l’Industrie et de l’Énergie, puis le Fonds national de maîtrise de l’énergie en 2005. L’ANME joue un rôle pivot en menant des études stratégiques et sectorielles, en proposant des plans d’action (institutionnels, réglementaires, financiers) et en renforçant les capacités des acteurs.

Objectifs et trajectoire

La Tunisie vise à substituer progressivement une part importante de l’électricité d’origine fossile par des renouvelables, au premier rang desquelles le solaire. Le Plan Solaire Tunisien lancé en 2015 fixe une part de 30 % d’électricité renouvelable d’ici 2030 (éolien, photovoltaïque, solaire à concentration), avec une montée à 30–35 % en 2030, 50 % en 2035 et 100 % en 2050 dans la planification gouvernementale.

Le solaire en première ligne

La ministre de l’Industrie, des Mines et de l’Énergie, Fatma Thabet Chiboub, souligne que les projets solaires stimulent l’investissement dans tout le pays et modernisent les infrastructures, renforçant stabilité sociale et économique. Selon la plateforme spécialisée Attaqa, ces projets, menés en partenariat avec l’ensemble des parties prenantes, servent les cibles nationales de performance et de maîtrise de la demande, tout en accélérant le déploiement des réseaux intelligents, de la mobilité électrique et du stockage.

Indicateurs internationaux en progrès

Au classement 2025 de l’Energy Transition Index (Forum économique mondial), la Tunisie gagne 27 places, passant de la 89e (2024) à la 62e (2025) et se hisse au 2e rang en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, avec un score de 54,6. L’indice, fondé sur 43 indicateurs et trois axes: sécurité énergétique, durabilité et équité d’accès, salue la capacité du système tunisien à accueillir davantage de renouvelables et à accélérer la transition.

Des projets  structurants pour la transition

Les groupes Scatec et Aeolus mènent deux nouveaux projets photovoltaïques à Sidi Bouzid et Tozeur, pour un investissement d’environ 79 millions d’euros. Leur mise en service est attendue en 2025, avec à la clé un renforcement de l’offre électrique d’origine renouvelable.

ELMED, la jonction avec l’Europe. Le projet d’interconnexion électrique Tunisie–Italie “ELMED” doit entrer en exploitation fin 2028, d’après le ministère de l’Industrie, des Mines et de l’Énergie.

L’ouvrage prévoit :

  • une liaison sous-marine d’environ 200 km entre le Cap Bon (Tunisie) et la Sicile (Italie) ;

  • une technologie HVDC (400 kV), avec 600 MW en phase 1, extensibles à 1 200 MW ;

  • un poste de conversion CC/CA à Menzel Temime ;

  • deux lignes aériennes 400 kV reliant ce poste au poste haute tension de Mornaguia.

APST II, accélérateur de projets privés. Le programme APST II vise à accélérer la transition énergétique en soutenant le développement de fermes solaires et éoliennes financées par le privé, en partenariat avec le ministère, la STEG et les opérateurs.

Ce programme vise à  :

  • lever les barrières (techniques, réglementaires, financières) à l’émergence des projets

  • Accroître l’investissement privé dans le solaire et l’éolien

  • Diversifier le mix, réduire la dépendance extérieure et alléger la pression sur le budget public

  • Mobiliser les fonds climatiques internationaux et améliorer les retombées sociales et environnementales.

 La centrale photovoltaïque en cours de réalisation à Sbikha (gouvernorat de Kairouan) doit, à son entrée en service en 2025, réduire d’environ 50 millions de dinars/an les dépenses liées à la production d’électricité à partir du gaz naturel.

L’hydrogène vert s’impose comme prochaine frontière

Un Mémorandum d’entente a été signé avec TotalEnergies et Verbund pour développer en Tunisie des projets d’hydrogène vert. La première phase vise 200 000 t/an adossées à 5 GW de capacités renouvelables à l’horizon 2030, avec une montée potentielle à 1 Mt/an ensuite.
 La stratégie nationale table, d’ici 2050, sur 8,3 Mt/an d’hydrogène et dérivés (dont 2,3 Mt pour le marché domestique et 6 Mt à l’export), pour ~120 Md€ d’investissement et 430 000 emplois directs et indirects.

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