Immobilier : hausse des prix, baisse de la demande, la crise guette !
Immobilier : un marché sous tension entre flambée des prix et défis fiscaux
Le secteur immobilier tunisien affiche des signes de fragilité au premier semestre 2025, tiraillé entre une inflation persistante des prix et des craintes liées à la future fiscalité. Malgré un recul de la demande, le marché résidentiel continue de voir ses tarifs s’envoler, une dynamique qui pourrait s’accentuer avec les nouvelles mesures budgétaires en discussion.
Selon les chiffres récents, le prix moyen du mètre carré des appartements a augmenté de 4 % sur un an. Les appartements neufs, particulièrement dynamiques, ont enregistré une hausse de 5 %, soutenant l’ensemble du marché. Pourtant, cette tendance ne s’accompagne pas d’une demande accrue, les transactions ont reculé d’environ 1 % sur la même période. L’offre progresse de 3 %, tirée principalement par les biens anciens, qui constituent toujours le cœur du marché.
Un pouvoir d’achat sous pression
Les acquéreurs se tournent majoritairement vers des surfaces moyennes entre 90 et 180 m², perçues comme plus abordables que les grands appartements. Mais cette stratégie d’adaptation pourrait être compromise par le projet de loi de finances 2025, qui prévoit un relèvement de la taxe sur les logements neufs, de 13 % à 19 %. Une décision qui, selon les analystes, pourrait alourdir significativement le budget des ménages et freiner l’accès à la propriété, en particulier chez les jeunes et les foyers aux revenus intermédiaires.
Ce contexte affecte également le secteur bancaire, déjà confronté à des difficultés dans le financement de projets immobiliers.
Le social, priorité affichée de l’État
En réponse, les pouvoirs publics maintiennent le cap sur le logement social. Location-vente, programmes pilotés par la Société nationale immobilière de Tunisie (SNIT) et le Fonds national pour l’amélioration de l’habitat, plusieurs dispositifs sont déployés pour accompagner les familles modestes et remplacer les habitats précaires. Cela vise à réduire les inégalités d’accès au logement et atténuer les disparités régionales.
Une fracture géographique persistante
Le marché reste profondément divisé sur le plan géographique. L’essentiel de l’activité et des nouveaux projets se concentre sur le littoral et dans les banlieues nord de la capitale, à l’instar de La Marsa ou de l’Ariana. Cette vitalité contraste avec la pénurie de logements qui sévit dans de nombreuses zones de l’intérieur du pays.
Avec un taux de propriété avoisinant les 75 %, la Tunisie se classe parmi les pays de la région au taux d’accession le plus élevé. Néanmoins, l’équation entre le pouvoir d’achat des ménages, l’offre disponible et la spirale des prix demeure une source de préoccupation majeure.
Face à ces défis, le gouvernement prépare une stratégie décennale (2025-2035) visant à restructurer le secteur, faciliter l’accès au crédit, et encourager la réhabilitation du parc existant. Reste à savoir si ces efforts parviendront à enrayer la crise et à répondre aux attentes d’une population en quête de logements abordables et durables.