Gabes: le GCT et le ministère de l’Industrie accusés d’inaction criminelle
La colère gronde dans le gouvernorat de Gabès, M. Mohamed El Kou, représentant élu au Conseil national des régions et des districts (CNRD), a porté une accusation sans équivoque contre le ministère de l’Industrie et la direction du Groupe chimique tunisien (GCT), les tenant pour directement responsables des récents cas d’étouffement enregistrés dans les localités de Chatt Essalem et Ghannouch. Ces incidents sanitaires sont imputés à des émanations de gaz toxiques provenant des unités industrielles du géant chimique.
M. Kou a détaillé le parcours du combattant des habitants et des autorités locales dans une déclaration à la TAP. Il a révélé que les alertes concernant l’extrême gravité de la situation avaient été officiellement et à plusieurs reprises transmises aux responsables. La sonnette d’alarme a été tirée une première fois sous la coupole du CNRD, puis une seconde fois lors de la visite du ministre de l’Industrie dans la région, le 24 avril 2024.
Des alertes restées sans suite
« Aucune mesure concrète n’a été prise, ni par le ministère ni par la direction du GCT, pour relancer les projets de lutte contre la pollution de l’air, pourtant suspendus depuis 2017 », a déploré M. Mohamed El Kou avec amertume. Selon lui, cette inertie est le signe d’un abandon pur et simple des engagements pris envers la population de Gabès.
Il fustige l’absence totale de « vision stratégique » pour traiter le problème environnemental à sa racine. Tous les pactes conclus, selon ses dires, sont restés lettres mortes, alimentant un climat de défiance et de tension sociale palpable dans toute la région.
Un écosystème et une économie à l’agonie
Au-delà de l’urgence sanitaire immédiate, M. le représentant a dressé un constat accablant des retombées de cette pollution industrielle persistante. Les unités du GCT ont, affirme-t-il, infligé des « dommages considérables » à la santé publique. L’environnement n’est pas épargné : la mer, l’agriculture et le tourisme, piliers historiques de l’économie régionale, paient un lourd tribut, anéantissant l’attractivité de Gabès.
Face à ce constat accablant, Mohamed El Kou est catégorique, le danger persistera tant qu’une solution radicale ne sera pas mise en œuvre. Il réaffirme que la principale revendication des citoyens et de leurs représentants reste le démantèlement pur et simple des unités polluantes du GCT. Une demande qui illustre l’exaspération d’une population livrée à elle-même, entre négligence industrielle et silence de l’État.