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Foued Laroussi : La Tunisie invitée d’honneur de la Semaine de la Francophonie

Épris, depuis son plus jeune âge, par la science du langage et de la communication, la littérature et l’écriture, Foued Laroussi a cultivé sa passion en suivant des études universitaires en France, à l’université de Rouen, où il a obtenu une licence, un DEA et un doctorat en sociolinguistique. Professeur des universités depuis 2000, il a travaillé avec Jean-Baptiste Marcellesi, le père de la sociolinguistique française et l’un des fondateurs de la sociolinguistique internationale. Ses travaux, sa réflexion et les trentaines d’ouvrages scientifiques qu’il a à son actif ont fait de lui la personne qu’il est aujourd’hui.

Nommé directeur de l’Institut de Recherche Interdisciplinaire Homme Société (IRIHS) depuis septembre 2022, il est l’organisateur de la semaine de la francophonie. 

Entretien

Présentez-nous la semaine internationale de la francophonie. En quoi consiste cet évènement ? Qu’est ce qui a déclenché l’idée d’initier une pareille initiative par l’université de Rouen ?

Foued Laroussi : L’institut de Recherche Interdisciplinaire Homme-Société (IRIHS) de l’Université de Rouen Normandie, en partenariat avec l’Académie de Normandie, l’Institut français de Tunisie, l’Alliance française de Normandie, l’Association Baraques Walden, organise du 13 au 17 mars 2023 la semaine internationale de la francophonie.

Cette semaine s’inscrit dans un programme national. Tous les ans au mois de mars, la France célèbre la Semaine de la Francophonie. Et c’est dans cette optique, qu’on a eu l’idée d’initier cette initiative en célébrant cet évènement à travers de nombreuses animations à la fois culturelles, musicales, littéraires et scientifiques. La tradition à l’université de Rouen Normandie est d’organiser cet événement chaque année, avec un pays invité.

Lors des sessions précédentes, nous avons tenu à inviter chaque année, un pays hôte, comme Madagascar, l’Inde ou le Québec. En 2019, la Tunisie était le pays invité. D’ailleurs, on a commencé les préparatifs en termes de programmation des activités et débats et de coordination avec les différents intervenants mais, malheureusement, cette édition a été annulée à cause de la pandémie du coronavirus.

L’événement se déroulera les lundi, mardi et mercredi à la Maison de l’Université et le jeudi et le vendredi dans les locaux de l’IRIHS. Il sera diffusé sur la Web Tv de l’Université de Rouen.

Pourquoi le choix de la Tunisie en tant que pays hôte ?

Pour de nombreuses raisons. Tout d’abord, il est important de souligner que la Tunisie a abrité, en 2022, le 18ème Sommet de la Francophonie à Djerba en 2022 en accueillant l’ensemble des chefs d’Etat francophones. Ce fût un évènement marquant à l’échelle nationale et internationale.

D’autant plus que l’année 2023 marque le 120ème anniversaire de la naissance d’une figure emblématique de la francophonie et l’un des pères fondateurs de la Francophonie institutionnelle avec Léopold Sédar Senghor : Habib Bourguiba. On a voulu célébrer son héritage et son engagement en faveur de la Francophonie. Quelques années après la disparition du leader Bourguiba, qui a su maintenir une politique éducative bilingue dans les programmes scolaires, on a voulu revenir sur la place de la langue française en Tunisie.

Enfin, cette initiative est aussi personnelle pour moi, étant donné que je suis d’origine tunisienne. C’est donc avec une grande fierté que je vois mon pays natal mis à l’honneur à travers cet événement.

Qu’avez-vous programmé pour cette semaine : thématiques, activités et centres d’intérêt ?

La Semaine de la Francophonie tourne en partie autour du leader Habib Bourguiba qui a marqué l’histoire de la Tunisie en tant que Président de la République pendant 30 ans.

Pour rendre hommage à cet homme politique visionnaire, on a prévu un débat autour du livre de M. Aziza l’héritage de Senghor, une conférence qui a pour thématique « la francophonie des pères fondateurs ». Cette thématique captivante permettra de mieux comprendre l’importance de Bourguiba et d’autres leaders africains tels que Senghor dans la promotion de la langue française et de la culture francophone dans le monde entier.

D’autres sujets seront abordés comme le printemps arabe, les réseaux sociaux, la coopération culturelle ou encore la francophonie du sud de manière générale : Afrique francophone, Maghreb, Égypte.

Nous avons tenu, également, à ce que le programme soit riche et diversifié en faisant en sorte de traiter non seulement de questions scientifiques de recherches universitaires mais aussi de programmer des activités culturelles, musicales et cinématographies.

Au menu de ce programme, des activités telles que « Slammons la francophonie », la chorale des élèves du collège Boieldieu et du lycée Jeanne d’Arc, concerts, la projection d’un film tunisien : Un divan à Tunis, etc,…On a voulu s’adresser au grand public et à un public plus averti. Cela relève de la volonté d’ouvrir l’université à toutes et à tous.

La Semaine de la Francophonie peut être conçue comme un exemple concret de la science ouverte. En s’adressant au grand public à travers ces activités, on souhaite ouvrir l’université à toutes et à tous et rendre ce qu’on fait à l’université accessible.

Quelle importance peut revêtir cet événement pour le centre de recherche Interdisciplinaire Homme-Société (IRIHS) ?

Il ne faut pas que ce centre de recherche soit perçu comme un centre administratif. On souhaite rendre accessible les recherches scientifiques sur la francophonie ainsi que les données qu’elles produisent.

Cet évènement constitue une initiative pouvant situer l’université dans son environnement socioculturel. C’est, aussi, une forme de rapprochement entre l’Université et le grand public.

Quel est le dénominateur commun qui unit les différents intervenants dans cet événement ?

Le dénominateur commun qui unit les différents intervenants dans cet événement est la francophonie. La Tunisie aussi est au centre de cette semaine étant donné que plusieurs enseignants universitaires et chercheurs tunisiens, éditeurs du livre francophone en Tunisie, et auteurs vont prendre part à cet évènement pour échanger et débattre autour de la Francophonie.

Comme il est question de francophonie, en quoi la langue française est-elle importante pour dire le monde d’aujourd’hui et en quoi peut-elle interpeller la part du beau, et de l’humain en nous ?

L’espace francophone est un espace pluriel où coexiste des langues. Je ne conçois pas l’espace francophone comme un espace exclusif au français. Toutes les langues interpellent la part du beau et de l’humain en nous et véhicule, ainsi, des savoirs des valeurs enrichissantes et complémentaires pour d’autres langues. Comme disait l’anthropologue Edward Sapir la langue, c’est le lieu où se conserve l’expérience humaine.

Le français est une langue qui véhicule des valeurs modernistes, d’humanisme et d’ouverture sur l’autre et de partage.

Etant passionné d’écriture et de littérature, peut être seriez-vous parmi nous lors de la prochaine édition de la foire internationale du livre de Tunis pour nous en parler, surtout que lors de la semaine de la francophonie vous avez consacré la journée du 17 mars au livre tunisien et à l’édition tunisienne ?

Effectivement, je vais prendre part à la Foire internationale du livre de Tunis pour présenter mon premier roman, « Pavillon Claude Monet ». Édité chez AC Éditions, ce livre est le fruit de ma toute première tentative d’écriture romanesque.

Le livre est sous forme d’autobiographique et de fiction à la fois dans lequel je reviens sur mes racines et ma jeunesse. Une histoire d’amour est le fil conducteur. C’est riche en émotions. Je vous laisse découvrir (rire).

Interview réalisée par Linda Megdiche

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