Environnement

Banque Mondiale : 90 % de la population mondiale confrontée à des crises environnementales

La Banque mondiale a tiré la sonnette d’alarme dans un rapport publié ce mercredi, révélant qu’une écrasante majorité de la population mondiale subit déjà les conséquences de dégradations environnementales majeures, mais soulignant que des solutions rentables existent pour inverser la tendance.

Intitulé « Revitaliser le développement : l’économie d’une planète vivable », le document estime que 90 % des habitants de la planète, soit approximativement 7,3 milliards de personnes, sont exposés à au moins une de ces trois menaces : la dégradation des terres, la pollution de l’air ou le stress hydrique.

« Les sociétés du monde entier font face à une double crise : environnementale et économique. Mais des solutions existent », a affirmé Axel van Trotsenburg, directeur général principal de la Banque mondiale, dans un communiqué accompagnant le rapport. « Si les gouvernements procèdent aux bons investissements maintenant, les systèmes naturels peuvent être restaurés et des retours tangibles sur la croissance et l’emploi peuvent être obtenus. »

Un obstacle structurel au développement

Le diagnostic est particulièrement sévère pour les pays à faible revenu. Selon le rapport, huit personnes sur dix dans ces nations manquent d’air pur, d’eau propre ou de terres cultivables. Cette situation représente un « obstacle structurel au développement durable », freinant toute perspective d’amélioration des conditions de vie.

La Banque mondiale pointe également du doigt la déforestation, qui perturbe les cycles des pluies et exacerbe les sécheresses, entraînant des pertes économiques se chiffrant en milliards de dollars annuels.

Le « paradoxe de l’azote » et les effets silencieux de la pollution

Le rapport met en lumière un « paradoxe de l’azote ». D’un côté, les engrais azotés sont essentiels pour booster les rendements agricoles. De l’autre, leur utilisation excessive endommage les écosystèmes et coûterait à l’économie mondiale la somme astronomique de 3 400 milliards de dollars par an.

Les conséquences de la pollution de l’air et de l’eau sont décrites comme « silencieuses » mais dévastatrices, affectant la santé, la productivité et même les capacités cognitives des populations, érodant ainsi le capital humain.

La nature, un moteur de croissance sous-estimé

Face à ce constat sombre, l’institution financière internationale oppose un message d’optimisme fondé sur l’efficacité économique. Elle présente la gestion durable des ressources naturelles comme une opportunité de croissance et de création d’emplois.

Par exemple, une utilisation optimisée des engrais pourrait générer des bénéfices 25 fois supérieurs aux coûts investis. De même, améliorer l’efficacité dans l’exploitation des ressources pourrait réduire la pollution de moitié.

Parmi les investissements les plus rentables, le rapport cite :

  • L’accès à l’eau et à l’assainissement : un simple traitement de l’eau au chlore au point d’utilisation pourrait sauver la vie de 25 % des enfants qui meurent chaque année de maladies hydriques.
  • Les marchés de la pollution (systèmes d’échange de quotas d’émission) : pour chaque dollar dépensé, le retour sur investissement pourrait atteindre 215 dollars.

Une feuille de route en trois piliers

Pour concilier développement économique et protection de l’environnement, la Banque mondiale propose une feuille de route s’articulant autour de trois piliers essentiels pour les politiques publiques :

  1. L’Information : Utiliser les données et les outils de suivi pour renforcer la transparence et fonder les décisions sur des preuves tangibles.
  2. La Coordination : Intégrer les politiques entre les différents secteurs (agriculture, énergie, transport) pour éviter les effets néfastes et trouver un équilibre entre efficacité et équité.
  3. L’Évaluation : Suivre les performances des mesures mises en œuvre de manière périodique pour en garantir l’efficacité et reproduire les succès à plus large échelle.

Ce rapport offre donc une nouvelle grille de lecture, présentant les défis environnementaux non plus comme une contrainte, mais comme une opportunité pour un développement « plus intelligent et plus durable ».

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *