Ahmed Elhadj Taieb : les jeunes seront la solution à la crise climatique
Ahmed Elhadj Taieb, 22 ans, est le plus jeune tunisien à avoir participé à la COP 26 en tant que membre de la délégation tunisienne qui avait pris part à ce grand événement mondial. Récemment, il a été choisi parmi les 10 jeunes activistes climatiques africains qui changent le visage de la planète. Titulaire d’une licence en sciences de l’environnement (spécialité traitement et valorisation des rejets), il prépare actuellement un master en génie de l’environnement. Parallèlement à ses études, Ahmed mène une intense activité de militant écologique. Il est secrétaire général du mouvement Youth for Climate Tunisia et jeune ambassadeur du mouvement international Break Free From Plastic.
1) Quels enseignements avez-vous tiré de votre participation à la COP 26 en tant que membre de la délégation tunisienne ?
Les négociations climatiques ne sont pas du tout faciles. Les pays touchés par les changements climatiques doivent se battre davantage pour atteindre l’objectif de 1,5°C.
Une énorme pression était exercée sur la COP avant même qu’elle ne commence, en raison de la pandémie du Covid qui a retardé son organisation d’un an et surtout en raison du rapport du Groupe International d’Experts Sur le Climat (GIEC) qui a prouvé que l’impact du changement climatique pourrait être vraiment destructeur et irréversible si les gouvernements ne prennent pas de mesures sérieuses pour limiter les émissions de gaz à effet de serre. Si la COP 26 a abouti à certains résultats importants, il n’en reste pas moins vrai que les décisions qu’elle a prises ne sont pas suffisantes, car l’objectif de 1,5°c n’est pas atteint et cela est dû à la non coopération de certains pays développés et pétroliers. Cependant ces décisions peuvent servir de passerelle vers la prochaine Conférence qui sera sous une présidence africaine. C’est pourquoi tous les pays devraient y compter pour sortir avec une feuille de route claire et des actions sérieuses pour combattre le changement climatique.
2) Comment jugez- vous le bilan de la participation tunisienne à cette Conférence ?
Je considère que la participation de la délégation tunisienne à la COP 26 a été différente de celle des autres délégations parce qu’elle s’est distinguée cette fois-ci par la participation d’une délégation de jeunes négociateurs climatiques. Nous étions 11 jeunes à avoir être choisis pour être présents à Glasgow, parmi 16 sélectionnés au départ. Nous avons travaillé avec le reste de la délégation en grande harmonie, et avons suivi presque tous les axes des négociations. En tant que jeunes, nous avons fait plusieurs recommandations au nom de la Tunisie dans les salles de négociations officielles ou dans les réunions des groupes auxquels la Tunisie appartenait. Je considère personnellement que la participation des jeunes aux négociations de la COP aura une incidence très positive, surtout si le reste des pays s’emploient à les y impliquer, car ils seront la
solution à la crise climatique dans un avenir proche.
3) Lors d’une Conférence locale des jeunes vous avez élaboré un document collectif destiné à la COY 16 qui a précédé la COP 26 et relatif aux énergies renouvelables ? Quel sort la COY 16 a-t-elle réservé à ce document et aux propositions les plus pertinentes émanant des jeunes de par le monde ?
L’un des principaux résultats de la COY16 a été le document politique élaboré par les jeunes qui a été transmis aux négociations de la COP 26. La déclaration mondiale de la jeunesse, rédigée avec les contributions des délégués de la COY16, aborde de nombreux aspects politiques, allant de l’énergie aux groupes sous-représentés et à l’inclusion systématique de tous les groupes concernés. La principale revendication des jeunes du monde entier est que les jeunes doivent être inclus de manière active et significative dans tous les processus décisionnels concernant la gouvernance et la mise en œuvre des politiques inhérentes au changement climatique.
4) Quelles sont les principales actions relatives aux changements climatiques auxquelles vous avez pris part à l’échelle nationale ? Comment comptez- vous à l’avenir vous impliquer davantage dans la lutte contre ce phénomène qui s’inscrit dans le cadre d’une urgence climatique annoncée au niveau tant national qu’international ?
Au niveau national, j’ai eu la chance de participer avec un groupe de jeunes à l’élaboration de la dernière CDN tunisienne. J’ai alors travaillé sur l’intégration de l’éducation environnementale dans le curriculum tunisien.
Je travaille actuellement dans le cadre de mes études sur la réalisation de projets d’adaptation qui pourraient aider les communautés vulnérables en Tunisie. En tant que secrétaire général du Mouvement Youth For climat Tunisia, j’œuvre avec des jeunes de toutes les régions de la Tunisie pour la justice climatique qui exprime notre préoccupation quant à un avenir chargé de dangers résultant du changement climatique ainsi que notre
mécontentement face à la négligence de notre droit à un avenir sûr conformément aux dispositions de la constitution qui garantit les droits des générations futures à une vie décente.
Par ailleurs, je veux poursuivre mes recherches et faire de mon mieux pour travailler sur des projets d’adaptation qui pourraient aider les Tunisiens qui souffrent aujourd’hui des impacts du changement climatique. Je veux aussi continuer à œuvrer avec mon mouvement jusqu’à ce que nous parvenions à convaincre le gouvernement de déclarer l’urgence climatique, car c’est le moment ou jamais de considérer le changement climatique comme un problème sérieux. Dans quelques années, nous souffrirons des impacts du changement climatique si nous ne prenons pas de mesures efficaces.
Au niveau international, j’aimerais continuer à représenter mon pays à la COP et être un négociateur qui fera entendre la voix de toutes les personnes et communautés qui souffrent des impacts du changement climatique.
Le changement climatique est réel. Il se manifeste en ce moment même. C’est la menace la plus urgente à laquelle notre espèce entière est confrontée. Nous devons travailler collectivement et arrêter de procrastiner.
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