40,1% : le taux qui résume le malaise de la jeunesse tunisienne
Les dernières statistiques du troisième trimestre 2025, publiées ce jeudi par l’Institut national de la statistique (INS), confirment une tendance inquiétante : le taux de chômage poursuit sa lente progression, passant de 15,3 % à 15,4 % sur l’ensemble du territoire national. Une évolution minime en apparence, mais qui représente 653 700 personnes sans emploi, soit 2 600 de plus qu’au trimestre précédent.
Derrière ce chiffre global se cachent toutefois des réalités contrastées, où genre, âge et niveau d’étude dessinent un paysage social de plus en plus fragmenté.

Hommes et femmes : deux trajectoires opposées
Alors que le chômage masculin recule légèrement de 12,6 % à 12,1 %, celui des femmes connaît une nette dégradation, bondissant de 20,9 % à 22,4 %. Un écart grandissant qui souligne les inégalités persistantes sur le marché du travail. La reprise, si elle est effective pour certains, reste sélective.
Les jeunes, grande victime de la conjoncture
La situation est particulièrement alarmante chez les 15-24 ans. Leur taux de chômage a franchi la barre des 40 %, s’établissant à 40,1 % contre 36,8 % au trimestre précédent. Autrement dit, plus de quatre jeunes sur dix sont aujourd’hui à la recherche d’un emploi. Les jeunes femmes restent les plus touchées, avec un taux de 42,7 %, contre 38,9 % pour les hommes du même âge.
Les diplômés du supérieur : un paradoxe tunisien
Le chômage des diplômés de l’enseignement supérieur s’est également accentué, passant de 24 % à 24,9 %. Mais là encore, les femmes subissent de plein fouet cette dégradation, 32,3 % d’entre elles sont sans emploi, contre 14,5 % pour les hommes. Un fossé qui interroge la capacité du marché à intégrer les compétences féminines, même les plus qualifiées.
Une recomposition silencieuse
Si l’augmentation globale du chômage reste modérée, sa structure évolue. Il se féminise, se juvenilise et frappe davantage les diplômés. Ces chiffres rappellent avec acuité la nécessité de politiques ciblées, capables de répondre à la diversité des situations et de freiner l’aggravation des disparités.

