Environnement

Vulnérabilités climatiques en Tunisie : Une réflexion sur la santé, l’eau et l’agriculture

M. Yadh Labbene, Expert PAMT2 en adaptation et changement climatique, a présenté les enjeux de changement climatique au Maghreb lors de l’atelier qui s’est tenu à Tunis au début décembre 2024. L’atelier a rassemblé une vingtaine de journalistes de Tunisie, du Maroc et d’Algérie, ainsi que des experts et des représentants d’organisations concernées et a évoqué en particulier la question de l’adaptation des économies régionales, des productions et de la société de consommation face aux effets du changement climatique, de la désertification et de l’aridification des terres.

Selon M. Labbene, le changement climatique représente une menace croissante pour la Tunisie, exacerbant les vulnérabilités dans divers secteurs. Ce phénomène, principalement causé par l’activité humaine, modifie la composition de l’atmosphère et intensifie l’effet de serre, entraînant des perturbations climatiques significatives. Les projections climatiques pour la Tunisie indiquent une augmentation des températures et une variabilité accrue des précipitations, avec des conséquences potentiellement désastreuses pour la santé, les ressources en eau, l’agriculture et les zones côtières.

La vulnérabilité du système de santé est particulièrement préoccupante. Les effets directs du changement climatique incluent des conditions climatiques extrêmes telles que des vagues de chaleur et des inondations, qui peuvent aggraver les problèmes de santé publique. Indirectement, le changement climatique modifie l’environnement, entraînant une recrudescence de maladies infectieuses comme la leishmaniose et d’autres maladies d’origine hydrique. La capacité du système de santé à faire face à ces nouveaux défis est mise à rude épreuve par les coûts additionnels liés à ces risques émergents.

En ce qui concerne les ressources en eau, la Tunisie fait face à un stress hydrique croissant. Actuellement, la disponibilité en eau est déjà insuffisante, avec des projections alarmantes pour 2030 qui prévoient une pénurie d’eau exacerbée par une demande toujours croissante. L’envasement des barrages et la surexploitation des nappes phréatiques aggravent cette situation, rendant la gestion de l’eau encore plus complexe et critique pour le pays.

L’agriculture, qui représente 10,68 % du PIB tunisien, est également vulnérable aux impacts du changement climatique. Les rendements agricoles dépendent fortement des conditions climatiques, notamment des précipitations. La dégradation des sols et le vieillissement de la population agricole posent des défis supplémentaires. Les cultures céréalières et arboricoles sont particulièrement sensibles aux variations climatiques, ce qui pourrait compromettre la sécurité alimentaire du pays.

M. Yadh Labbene a déclaré aussi que la frange littorale tunisienne est menacée par l’élévation du niveau de la mer et l’érosion côtière. Avec plus de 90 % de sa capacité d’hébergement touristique située sur le littoral, la Tunisie risque de perdre des terres agricoles et touristiques cruciales. La salinisation des nappes côtières et la perte de biodiversité dans les écosystèmes marins sont également préoccupantes.

La région du Maghreb aujourd’hui se trouve dans une situation particulièrement vulnérable face au changement climatique. Il est impératif d’adopter des mesures d’adaptation pour renforcer la résilience des populations, en particulier celles des régions intérieures les plus démunies. Des initiatives doivent être mises en place pour améliorer la gestion des ressources naturelles et protéger les écosystèmes tout en soutenant le développement socio-économique durable du pays.

Najeh KHARREZ

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