Urgence écologique en Tunisie : un tournant décisif pour l’avenir environnemental du pays (Vidéos)
La Tunisie, véritable carrefour naturel entre la mer Méditerranée et le désert, fait face aujourd’hui à une crise écologique d’une gravité sans précédent. Cette situation compromet durablement son avenir, menaçant aussi bien sa biodiversité que le bien-être de ses populations. Sous la pression combinée d’un modèle de développement intensif, souvent prédateur, d’une surexploitation alarmante de ressources naturelles déjà fragiles, et des effets croissants du changement climatique, les écosystèmes tunisiens subissent des dégradations majeures qui mettent en péril les équilibres environnementaux inscrits depuis des siècles.
De la côte nord jusqu’aux confins du sud, les signes de cette détérioration sont visibles et inquiétants : littoraux étouffés sous des amas de déchets, nappes phréatiques puisées jusqu’à leur épuisement, zones industrielles transformées en véritables « points chauds » de pollution générant une atmosphère difficilement respirable. Derrière ces constats, se profile un ultimatum écologique que les spécialistes qualifient d’« inadmissible ». Ce diagnostic impose une remise en cause profonde des stratégies nationales actuelles, appelant à un sursaut immédiat. Il s’agit de bâtir une gestion plus résiliente et durable du patrimoine naturel tunisien, dernier rempart avant un effondrement aux conséquences humaines, économiques et sociales dramatiques.

Des « zones rouges » de pollution alarmantes
L’expert environnemental M. Hamdi Hached souligne que plusieurs régions du pays sont devenues de véritables foyers de pollution extrême, qualifiés de « Hot Spots » ou points chauds de dégradation écologique. Parmi ces zones particulièrement vulnérables figurent le lac de Bizerte, autrefois richesse naturelle, aujourd’hui menacé par les déchets et la pollution industrielle ; la côte de Sfax, où les activités économiques tendent à étouffer les espaces marins ; ou encore le complexe chimique de Gabès, tristement célèbre pour ses rejets toxiques qui empoisonnent terres et mers environnantes. Ces espaces incarnent l’échec d’un modèle de développement qui ne prend pas suffisamment en compte ses impacts environnementaux.

La pression grandissante sur les villes côtières
Les villes côtières tunisiennes sont particulièrement exposées. M. Hached attire l’attention sur la surexploitation accélérée des ressources souterraines, aggravée par une vulnérabilité écologique accrue due aux activités humaines intensives. Il révèle qu’en moyenne, chaque jour, près de 7 kilogrammes de déchets s’accumulent sur chaque plage, déversés dans la mer, ce qui détruit progressivement le littoral et menace les écosystèmes marins. La pollution marine, combinée à la dégradation du trait de côte, fragilise non seulement l’environnement naturel mais aussi les activités socio-économiques qui en dépendent, notamment le tourisme.
Kerkennah en danger : une île menacée par le changement climatique
Plus alarmant encore, certaines îles de la Méditerranée tunisienne, comme Kerkennah, risquent de disparaître totalement sous l’effet de la montée du niveau de la mer liée au changement climatique. « Certaines îles, telles que Kerkennah, sont en voie de disparition progressive en raison de l’élévation des eaux côtières », alerte M. Hached, rappelant la nécessité impérieuse d’une action climatique d’urgence pour limiter ces pertes territoriales irréversibles.
Le Cap Bon : un exemple d’agriculture mise sous pression
Le Cap Bon, région agricole emblématique, illustre à lui seul les tensions dramatiques entre la préservation des ressources naturelles et la pression économique. L’exploitation intense des nappes phréatiques, indispensable pour l’irrigation des cultures, provoque une érosion accélérée des sols et une détérioration significative de la qualité de l’eau. Cette dynamique conduit le Cap Bon à être classé en « zone rouge », notamment en raison de la surconsommation d’eau dans l’agriculture. Ce cas révèle la nécessité vitale de repenser les pratiques agricoles durables afin de concilier production et conservation des ressources.
Une révision urgente des stratégies nationales
Face à ces constats alarmants, M. Hamdi Hached tire la sonnette d’alarme : « Les politiques environnementales actuelles ont montré leurs limites, il est urgent de réviser profondément les stratégies nationales. » Il préconise l’adoption immédiate de mesures plus efficaces et ambitieuses, intégrant une vision long terme pour la gestion durable des ressources naturelles et la protection des écosystèmes. La Tunisie, à l’image de nombreux pays méditerranéens, subit les conséquences des changements climatiques conjugués à des pressions anthropiques mal maîtrisées, qui rendent indispensable une transition écologique à l’échelle globale.
Société civile et État : vers une nouvelle alliance pour la durabilité
Dans ce contexte de crise, la société civile tunisienne joue un rôle clef. Actrice essentielle dans la lutte contre la pollution et la restauration de la confiance envers les institutions, elle intervient directement sur le terrain par des actions de sensibilisation, des conseils pratiques en matière environnementale, et un discours mobilisateur notamment auprès des jeunes générations, porteuses d’espoir pour un avenir plus durable.
L’État, quant à lui, est appelé à renforcer son engagement en se concentrant sur plusieurs axes stratégiques majeurs, comme le souligne M. Hached : la protection rigoureuse et la gouvernance efficace des ressources hydriques, particulièrement dans le secteur agricole ; l’intensification des investissements dans les énergies renouvelables ; et le renforcement des campagnes de sensibilisation à grande échelle. Ces leviers conjugués permettront non seulement de préserver les ressources naturelles mais aussi d’économiser des moyens financiers et humains précieux à long terme.
C’est dans cette synergie renouvelée entre une société civile proactive et un État stratège que réside, selon l’expert, l’une des clés fondamentales de la résilience environnementale de la Tunisie. Agir ensemble est plus que jamais une nécessité pour protéger l’environnement tunisien, garantir un développement durable, et sauvegarder la qualité de vie des générations présentes et futures.