Economie

L’économie tunisienne sur la voie du redressement

L’économie tunisienne affiche des signes tangibles de redressement, enracinant progressivement un rythme de croissance solide. Cette dynamique positive, principalement portée par la vitalité du secteur agricole et soutenue par la reprise du tourisme, replace le pays sur une trajectoire de croissance soutenue après les turbulences économiques mondiales des dernières années.

Cependant, cette embellie ne doit pas occulter des défis structurels tenaces : le chômage, l’inflation et le déficit commercial continuent de peser sur le paysage socio-économique.

Une résilience confirmée et des perspectives encourageantes

En 2025, dans un contexte international marqué par de fortes incertitudes, l’économie nationale démontre une résilience remarquable. La Banque mondiale, dans son dernier rapport sur la région Moyen-Orient, Afrique du Nord, Afghanistan et Pakistan (MENAAP), anticipe une nette amélioration de la croissance, projetée à 2,6% pour 2025, contre 1,4% en 2024.

Ce rebond devrait être principalement tiré par la reprise de la production agricole, notamment dans les filières de l’huile d’olive et des céréales. Une confirmation institutionnelle est venue étayer cet optimisme : l’Institut national de la statistique (INS) a enregistré une croissance de 3,2% au deuxième trimestre 2025.

Lors des récentes Assemblées annuelles du FMI et de la Banque mondiale à Washington, Fethi Zouhaïer Nouri, Gouverneur de la Banque centrale de Tunisie, a salué la capacité de la Tunisie à « maintenir les équilibres fondamentaux de son économie ». Il a attribué cette performance à « une approche fondée sur la responsabilité nationale et la mobilisation des ressources internes », soulignant le rôle clé d’une politique monétaire alliant « flexibilité et rigueur » dans la maîtrise de l’inflation et la stabilité du dinar.

Les leviers indispensables pour une croissance durable

Pour consolider et pérenniser ce rebond, les experts s’accordent sur la nécessité d’accélérer les réformes. Plusieurs chantiers prioritaires sont identifiés :

  • Réformes financières et fiscales : L’adoption du nouveau Code des changes et l’adaptation de la réforme fiscale à la conjoncture actuelle sont présentées comme urgentes.
  • Soutien stratégique à l’agriculture : Une priorité absolue doit être accordée au secteur agricole, en particulier aux grandes cultures céréalières, afin de réduire la dépendance aux importations de blé et de préserver les réserves en devises.
  • Relance de l’investissement : Une refonte totale de la loi sur l’investissement est cruciale pour améliorer le climat des affaires, attirer les capitaux et stimuler la création de richesses.
  • Valorisation des ressources et des compétences : La relance de la production de phosphate, la mise à niveau des PME et une politique active en faveur de la diaspora tunisienne pour encourager les investissements et les transferts de devises constituent autant de leviers complémentaires.

La modernisation administrative, chantier suprême

Au-delà de ces mesures, un consensus se dégage autour d’une refonte en profondeur de l’administration publique, considérée par de nombreux acteurs économiques comme la « mère des réformes ». Le programme « Innov’Administration », lancé en décembre 2022, ainsi que la « nouvelle stratégie industrielle et d’innovation à l’horizon 2035 », sont perçus comme les fondations potentielles d’une modernisation durable des services publics et de l’appareil productif.

En somme, la Tunisie dispose des leviers pour transformer l’essai d’une reprise conjoncturelle en une croissance structurelle et inclusive. L’investissement, dans un environnement des affaires assaini et porté par une administration modernisée, reste la clé de voûte de cette ambition.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *