Tunisie : un modèle réussi de protection de la couche d’ozone et un engagement pour l’avenir climatique
Alors que la communauté internationale célèbre le succès du Protocole de Montréal pour la restauration de la couche d’ozone, la Tunisie incarne cette réussite à l’échelle nationale. La ratification du Protocole en 1989 a marqué le début d’un engagement national majeur. Selon l’Agence Nationale de Protection de l’Environnement (ANPE), « la Tunisie a éliminé totalement les chlorofluorocarbures (CFC) entre 1995 et 2010, conformément aux engagements du Protocole ».

Un bilan tangible mesuré par l’ANPE
Parmi les accomplissements majeurs, la Tunisie a également réduit de 62,4% son utilisation des hydro chlorofluorocarbures (HCFC) par rapport au niveau de référence, évitant plus de 819 000 tonnes équivalent CO₂. Ces substances, utilisées dans la réfrigération, la climatisation et les aérosols, sont responsables d’une grande partie de la dégradation de la couche d’ozone.
M. Youssef Hammami, coordinateur de l’Unité nationale d’Ozone à l’ANPE, a souligné : « Célébrer ces 40 ans, c’est célébrer le pouvoir de la science. Au niveau mondial, près de 99% des substances qui appauvrissent la couche d’ozone ont été éliminées. Le Protocole de Montréal a permis d’éviter jusqu’à 1 °C de réchauffement climatique, ainsi que des millions de cas de maladies liées aux UV. La Tunisie a contribué activement à ces efforts mondiaux ».
Renforcement des capacités et intensification du contrôle
La Tunisie a investi dans la formation professionnelle : plus de 600 techniciens ont été certifiés aux bonnes pratiques de récupération et de recyclage des gaz nocifs. En parallèle, 256 agents des douanes ont été formés spécifiquement pour détecter et contrôler les flux illégaux de ces substances.
M. Youssef Hammami a ajouté : « La gestion holistique des fluides frigorigènes est essentielle pour assurer la durabilité à long terme. La Tunisie maintient une vigilance constante et adapte ses stratégies pour faire face aux défis persistants ».
Vers une nouvelle étape : le plan national de réduction des HFC
En 2024, la Tunisie a obtenu l’approbation du Fonds Multilatéral pour la première phase du Plan National de Réduction des Hydrofluorocarbures (HFC), des gaz à effet de serre puissants remplaçant les HCFC. Ce plan, aligné sur l’Amendement de Kigali, vise une réduction de 23% de la consommation nationale d’ici 2030, incluant la promotion de frigorigènes alternatifs plus durables et l’amélioration de l’efficacité énergétique des équipements.

M. Lassaad Ben Hassine, Représentant Pays de l’ONUDI en Tunisie, a affirmé : « La protection de la couche d’ozone reste un pilier de la lutte contre le changement climatique. La Tunisie, avec l’appui de l’ONUDI et de l’ANPE, est déterminée à poursuivre ses efforts, en s’appuyant sur la science, la coopération internationale et l’innovation, pour garantir un avenir durable aux générations futures ».
Un investissement pour la santé publique
La protection de la couche d’ozone est aussi un investissement dans la santé des Tunisiens. L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) rappelle : « Chaque réduction de 1% de l’ozone stratosphérique entraîne une augmentation de 3 à 6% des risques de cancer de la peau ».
Les mesures tunisiennes contribuent ainsi à limiter les affections cutanées graves, les cataractes et l’immunodépression, protégeant la population des effets nocifs des rayons UV.
Des retombées économiques et une innovation locale
La transition écologique tunisienne stimule également le tissu industriel. L’ONUDI souligne que la Tunisie a innové dans le remplacement du bromure de méthyle dans la fumigation des dattes, un progrès décisif pour cette filière agricole locale.
« Plus de 600 techniciens certifiés en réfrigération écologique ont créé une véritable filière de compétences en Tunisie », a expliqué M. Ben Hassine. Cette dynamique ouvre aussi la voie à l’export et à la compétitivité économique du pays.
Un héritage durable pour les générations futures
La stratégie tunisienne, fondée sur un engagement de longue haleine, produit des résultats concrets. L’ANPE rappelle que « l’élimination complète des CFC et la réduction de 62,4% des HCFC ont permis d’éviter l’émission de près de 819 000 tonnes équivalent CO₂ ». Avec le nouveau plan visant une baisse de 23% des HFC d’ici 2030, la Tunisie se positionne en acteur responsable de la préservation des équilibres planétaires.

En conjuguant santé publique, innovation économique et responsabilité environnementale, la Tunisie a su transformer une obligation internationale en une opportunité durable pour ses citoyens et son développement.