Tunisie : l’automobile, un aimant à investissements étrangers
Les investissements directs étrangers (IDE) en Tunisie ont connu une nette progression au cours des neuf premiers mois de l’année 2025. Selon les chiffres communiqués par Hatem Soussi, directeur central de l’Agence de promotion de l’investissement extérieur (FIPA), ces investissements ont atteint 2 536 millions de dinars, enregistrant ainsi une hausse significative de 27,7 % par rapport à la même période de 2024, où ils s’élevaient à 1 986 millions de dinars.
Intervenant ce mardi 11 novembre sur les ondes d’une radio, M. Soussi a souligné que cette performance, qui traduit une progression globale de 28,1 %, est le fruit d’un travail coordonné entre l’ensemble des structures concernées. Il a également fixé l’ambition, dans le cadre du prochain plan de développement, de porter le volume annuel des IDE au-delà de la barre des 4 000 millions de dinars.
Le secteur automobile, fer de lance des investissements
Le secteur automobile confirme son rôle stratégique en captant à lui seul 24 % du total des IDE, soit environ 1 613 millions de dinars. Une part substantielle de ces capitaux est orientée vers la production de composants, y compris des pièces à forte valeur technologique. Plusieurs entreprises ont d’ailleurs implanté localement des unités de recherche et développement, renforçant ainsi l’écosystème industriel national.
Lamia Fourati, vice-présidente de la Tunisian Automotive Association (TAA), a rappelé que la Tunisie fabrique déjà plusieurs éléments clés, tels que les faisceaux électriques. Elle souligne que le secteur vit une mutation mondiale, marquée par l’émerence des véhicules électriques chinois, désormais compétitifs face aux modèles européens et américains.
« Les constructeurs européens cherchent à réduire leurs coûts et à diversifier leurs chaînes d’approvisionnement au-delà de la Chine. Cela représente une réelle opportunité pour la Tunisie d’attirer de nouveaux investissements, d’autant que plusieurs groupes étendent déjà leurs activités sur notre sol », a-t-elle estimé.
Atouts historiques et défis à relever
Hatem Soussi a, pour sa part, rappelé le positionnement historique de la Tunisie, pionnière dans la production de composants automobiles depuis plus de 65 ans. Il a mis en avant la compétitivité du pays en matière de coûts et d’énergie, ainsi que le potentiel offert par le développement des énergies renouvelables, soutenu par les pouvoirs publics.
Toutefois, le directeur de la FIPA a insisté sur l’impérieuse nécessité de renforcer la formation des ingénieurs et de la main-d’œuvre qualifiée, afin de répondre aux exigences croissantes du marché local et international.
Mme Fourati a abondé dans ce sens, précisant que le secteur automobile tunisien compte aujourd’hui 280 entreprises couvrant presque toutes les filières du domaine. Elle a appelé à une meilleure valorisation des ingénieurs nationaux et à la création d’un environnement attractif pour fidéliser les talents, notant que le secteur avait su résister jusqu’à présent, y compris durant la crise du Covid-19.
Réformes et plateforme numérique en vue
Hatem Soussi a enfin indiqué que la FIPA œuvre, en coordination avec les autorités compétentes, à l’amélioration du climat des affaires. Il a fait état de l’avancement du plan national de réformes, dont 45 % des mesures sont déjà réalisées, promettant un impact concret sur l’attractivité du pays dès la finalisation du reste.
Une plateforme nationale dédiée à l’investissement est actuellement en développement et devrait être opérationnelle au début de l’année 2026. L’objectif est de simplifier les démarches administratives et accélérer la digitalisation des procédures. Parallèlement, l’État poursuit ses efforts pour optimiser la logistique et moderniser les infrastructures portuaires, dans le but de renforcer la compétitivité de l’ensemble du tissu productif.

