Tunisie : La pollution plastique, un fléau qui étouffe nos côtes et notre économie
Les vagues qui viennent doucement lécher le sable fin des plages tunisiennes charrient une menace silencieuse, mais omniprésente : le plastique.
Loin d’être un simple problème esthétique, cette pollution constitue une crise multidimensionnelle, frappant de plein fouet l’écosystème marin, la santé publique et, de manière cruciale, les secteurs vitaux de l’économie nationale, à commencer par le tourisme. Face à ce constat alarmant, les appels à une mobilisation générale et à une action structurée se multiplient.
Dans une interview accordé à L’Écho Tunisien, l’ingénieur et expert en environnement Wassim Chaabane dresse un tableau sans concession. « le plastique corrode lentement mais sûrement notre écosystème et notre santé. Cette matière omniprésente a désormais franchi toutes les barrières, s’immisçant dans nos vies jusqu’au plus intime de notre alimentation.», alerte-t-il. Pour M. Chaabane, la solution passe impérativement par une prise de conscience collective et une éducation des jeunes générations. « Chaque acteur de la société détient une part de responsabilité dans cette bataille pour la préservation de notre patrimoine naturel. Du citoyen à l’industriel, tous doivent œuvrer de concert à la réduction de notre empreinte écologique. » insiste-t-il.
Un impact économique direct
La problématique dépasse largement le cadre environnemental. «Le littoral, poumon économique de la Tunisie, étouffe sous le poids de cette contamination. Le secteur touristique, vitale pour l’économie nationale, en subit les conséquences directes : des plages souillées dissuadent les visiteurs et entachent l’image de marque du pays. », confirme Wassim Chaabane. L’image de plages souillées dissuade les visiteurs étrangers, qui sont pourtant une manne financière indispensable. «L’ampleur du phénomène nous oblige désormais à repenser en profondeur nos modes de consommation et de gestion des déchets, en développant des alternatives durables à la hauteur des enjeux.» analyse l’expert.
La stratégie « Côte sans plastique » : un cadre, des défis
Une lueur d’espoir, cependant, pointe à l’horizon. Loin de rester inactive face à ce fléau, la Tunisie a mis en place dès 2018 un cadre d’action structuré à travers le plan national « Côte sans plastique », comme le souligne notre expert. Le dispositif témoigne d’une prise de conscience précoce des autorités tunisiennes quant à l’urgence d’une approche coordonnée pour préserver le capital côtier national.
Cette feuille de route ambitieuse a traité plusieurs axes fondamentaux : « la gouvernance, la gestion des déchets, la recherche scientifique et la sensibilisation ».
Mais pour M.Wassim Chaabane, la clé du succès réside dans l’arsenal législatif et son adaptation au contexte local. « Cette adaptation législative est perçue comme le catalyseur indispensable pour transformer les contraintes environnementales en opportunités économiques, permettant aux acteurs privés de devenir des partenaires actifs dans cette bataille contre le plastique. » ,souligne l’ingénieur.
Une législation incitative et claire est essentielle pour guider les investissements de l’industrie privée vers l’innovation en matière d’emballages alternatifs, de recyclage et de logistique verte.
Alors que la Tunisie navigue entre des impératifs économiques pressants et une urgence écologique grandissante, la lutte contre la pollution plastique apparaît comme un test crucial. Elle conditionne non seulement la préservation de son capital naturel mais aussi la résilience de son économie face aux défis du XXIe siècle. Le temps n’est plus aux constats, mais à l’action concertée, comme le souligne notre expert : Aux citoyens revient la responsabilité d’adopter au quotidien une consommation raisonnée et des gestes vertueux. Aux entreprises d’investir dans l’innovation et l’écoconception, transformant les défis environnementaux en opportunités économiques. Aux institutions de créer le cadre incitatif et réglementaire permettant à cette dynamique de s’épanouir.

