Tunisie: La fracture énergétique s’aggrave dangereusement
Les chiffres publiés par le Ministère de l’Industrie, des Mines et de l’Énergie, arrêtés à la fin du mois d’août 2025, dressent un constat alarmant pour la sécurité énergétique de la Tunisie. Le pays voit se creuser un fossé de plus en plus profond entre une production nationale en berne et une consommation intérieure qui ne cesse de croître.
Sur les huit premiers mois de l’année, le bilan est sans appel, la production totale d’énergie a chuté de 8,2 % sur un an. Dans le même temps, la demande des Tunisiens a, au contraire, augmenté de 4,6 %. Cette tendance divergente place le pays dans une situation de dépendance critique.
Le traditionnel et le renouvelable : deux trajectoires opposées
Le recul de la production touche principalement les énergies fossiles, piliers historiques du mix énergétique tunisien. La chute est sévère pour le pétrole brut (-9,3%) et significative pour le gaz naturel (-6,4%). Cette baisse généralisée des ressources conventionnelles assombrit un peu plus la perspective de l’autosuffisance.
Une lueur d’espoir, encore timide, provient du secteur des énergies renouvelables. La production d’électricité primaire (éolien, solaire, hydroélectrique) a enregistré une croissance robuste de +13,8%. Malgré cette dynamique positive, le secteur ne pèse encore que 2,8% du total des ressources produites, soulignant le long chemin qui reste à parcourir.
Consommation et déficit : le cocktail inquiétant
La hausse de la consommation nationale, portée essentiellement par un appétit accru pour le gaz naturel (+8,2%), vient aggraver la situation. La demande en produits pétroliers n’a, quant à elle, augmenté que marginalement (+0,8%).
Le résultat de cette équation défavorable est un déficit énergétique abyssal. Pour combler ses besoins, la Tunisie affiche un trou de 4144 KTEP, face à une production nationale qui ne s’élève qu’à 2366 KTEP.
Ce déficit, qu’il faut impérativement combler par des importations, se traduit par un taux de dépendance énergétique qui a atteint le niveau préoccupant de 63,7%.
Une dépendance qui a explosé en quinze ans
Ce chiffre illustre une dégradation continue et rapide. Il n’était que de 58,6% à la même période en 2024. La comparaison avec les années passées est encore plus édifiante : en 2010, le taux de dépendance de la Tunisie était inférieur à 8%. En l’espace de quinze ans, le pays est ainsi passé d’une quasi autonomie à une situation où il doit importer près des deux tiers de son énergie, une vulnérabilité stratégique et économique majeure pour les années à venir.

