Tunisie-Italie : les eaux usées, nouvel or bleu contre la sécheresse
Lancé officiellement ce mercredi depuis l’École Supérieure d’Agriculture de Mograne, le projet « TANIT KT » marque le début d’une nouvelle coopération entre la Tunisie et l’Italie pour faire face à la sécheresse. Une initiative d’envergure, pierre angulaire du Plan Mattei (2025-2027), qui ambitionne de révolutionner l’irrigation dans les régions tunisiennes frappées par la sécheresse en ayant recours à une ressource jusqu’ici sous-exploitée : les eaux usées traitées.
Une ambition chiffrée
Le partenariat a un objectif concret : irriguer jusqu’à 12 000 hectares de terres agricoles dans des zones arides en valorisant les eaux non conventionnelles. Pour y parvenir, un Centre Technologique Intégré Multifonctionnel (CTIM) verra le jour à Mograne. Cette plaque tournante sera dédiée à la formation, à la recherche innovante et au transfert de technologies, avec pour mission de concevoir et d’implanter des modèles agricoles à la fois durables et capables de résister au stress hydrique.
Le Plan Mattei, du symbole à l’action
L’engagement italien est substantiel. Rome a promis de mobiliser environ 400 millions d’euros sur les trois prochaines années. Une enveloppe qui s’inscrit dans une nouvelle philosophie, celle du Plan Mattei relancé en 2024 : il ne s’agit plus d’aide au développement classique, mais bien d’un investissement bilatéral stratégique, censé créer de la valeur pour les deux parties.
Pour la Tunisie, TANIT KT représente bien plus qu’un simple apport financier. Les autorités y voient un levier stratégique majeur pour dynamiser l’économie locale. Le projet promet en effet une intégration des compétences tunisiennes, la création d’emplois, l’émergence de start-ups dans l’agro-technologie et un renforcement global des filières agricoles. Un système de gouvernance rigoureux, assorti d’indicateurs de performance, devra garantir l’efficacité de ces investissements.
L’heure de vérité pour un partenariat méditerranéen
Au-delà des discours diplomatiques, TANIT KT est attendu comme un premier test grandeur nature pour le Plan Mattei. Sa capacité à générer des retombées économiques durables et à apporter des solutions concrètes aux défis climatiques et sociaux de la Tunisie sera scrutée de très près. Le succès ou l’échec de cette collaboration pionnière pourrait bien définir l’avenir des partenariats euro-africains en matière de sécurité hydrique et alimentaire.