Economie

Tunisie: dette extérieure en baisse, fardeau financier en hausse

En l’espace de vingt mois, la Tunisie a réalisé une opération financière inédite dans son histoire contemporaine : réduire sa dette extérieure de plus de 10 milliards de dinars. Celle-ci est passée de 55 874,2 millions de dinars (MTND) en décembre 2023 à 56 575,4 MTND, selon les dernières données disponibles.

Cette baisse spectaculaire de l’endettement extérieur s’est toutefois accompagnée d’un phénomène de report vers le marché domestique. La part de la dette libellée en devises est ainsi tombée à 41,7 %, contre 52,8 % fin 2023. Dans le même temps, la dette locale a connu une progression vertigineuse, augmentant de 19 576 MTND sur la même période. Les observateurs pointent un recours massif aux facilités de la Banque centrale de Tunisie (BCT) pour expliquer cette envolée.

Une dette totale inférieure aux prévisions

Cette stratégie a eu pour effet de contenir le niveau d’endettement global. À fin août 2025, la dette totale s’établissait à 135 660 MTND, un chiffre bien en deçà des 147 402 MTND initialement prévus par la loi de finances pour l’ensemble de l’exercice.

Cependant, ce rééquilibrage a un coût. La dette locale étant structurellement plus onéreuse que la dette extérieure, les intérêts supportés par l’État ont logiquement augmenté, s’élevant à 2 699,9 MTND fin août 2025. Une situation qui pourrait néanmoins évoluer favorablement. Le recours à la BCT, dont le coût est quasi nul, contre des émissions de bons du Trésor à plus de 8 %, est perçu comme un levier pour réduire rapidement les charges financières à l’avenir.

Perspectives 2026 : une marge de manœuvre à double tranchant

Pour 2026, les projections de dette présentées dans le projet de loi de finances sont considérées par nos analyses comme un scénario extrême, les niveaux réels étant anticipés comme significativement plus faibles. La clé résidera dans l’utilisation des 11 milliards de dinars de financement monétaire. Si l’État affecte une partie de ces fonds au remboursement de lignes onéreuses de Bons du Trésor à Ajoutement (BTA), il pourrait opérer un quasi-refinancement sans frais.

À moyen terme, cette approche pourrait aboutir à un service de la dette allégé, malgré un stock de dette global plus lourd. La flexibilité budgétaire prime dans ce schéma, représentant une réelle opportunité. Les experts de L’Écho Tunisien mettent toutefois en garde : cette stratégie ne sera viable que si elle soutient une croissance robuste de la production et de la productivité. Dans le cas contraire, le pays risquerait de se retrouver enfermé dans un piège de dettes en dinars.

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