Tunis : Mobilisation contre la disparition de la Zaouia Sidi Ali Lasmar
Une conférence de mobilisation contre la disparition de la Zaouia Sidi Ali Lasmar, dernier lieu sacré dédié au stambali ( musique populaire soufie afro-arabe) dans la médina de Tunis, s’est tenu le 23 Mars 20222, au siège de ladite zaouia à Bab Jdid, dans la médina de Tunis.
La Zaouia Sidi Ali Lasmar est un sanctuaire qui accueille le tombeau du Saint du même nom. Il représente le dernier lieu de la capitale dédié à la communauté du stambali, un héritage spirituel de la communauté noire de Tunisie. Il est également le siège de “L’Association pour la Culture du Stambali Sidi Ali Lasmar” qui valorise et défend cette tradition sur le point de disparaître.

Pont entre le Maghreb et l’Afrique :
Le stambali est un art qui entremêle musiques, danses et chants traditionnels. Un rituel qui constitue un pont entre l’identité maghrébine et l’identité africaine héritée des descendants d’esclaves, retraçant l’histoire de cette minorité et s’inscrivant depuis de nombreuses générations dans le paysage culturel tunisien. Cette tradition spirituelle et artistique participe notamment à faire de la Tunisie une terre de tolérance et de mélange des cultures, de par la richesse et la singularité de son histoire.
Avec la disparition des derniers initiés, l’association a pour mission de protéger leur mémoire et de laisser une trace de leur savoir aux futures générations. Par ses actions, l’association participe à la vivacité de la médina en organisant de nombreuses manifestations culturelles auprès d’un large public et des amoureux de cette musique. Sidi Ali Lasmar est le dernier lieu sacré dans la médina qui valorise cet art ancestral auprès d’un public bien présent. Alors que plusieurs acteurs de l’action culturelle et de la préservation du patrimoine tunisien réhabilitent la médina de Tunis, le stambali est menacé de disparaître car ce sanctuaire est mis en vente par son propriétaire; celui-ci en avait bénéficié après avoir été cédé par l’État dans les années 70. Avec la disparition de ce lieu dynamique et fédérateur, c’est avant tout une part de l’identité de cette minorité et de l’histoire de la médina qui risque de mourir mais aussi un espace culturel dédié et actif au coeur de la médina de Tunis.
L’Association se mobilise pour alerter les institutions et l’opinion publique afin de sensibiliser le plus grand nombre sur sa prochaine disparition si aucune action concrète n’est menée. L’association demande la protection de ce lieu comme patrimoine matériel inscrit en plein cœur de la vieille ville
de Tunis mais également comme patrimoine immatériel qui raconte l’histoire et l’héritage de ces communautés ancrés dans la culture et les traditions tunisiennes contemporaines.

LE STAMBALI ET L’HÉRITAGE DES NOIRS EN TUNISIE :
Le Stambali est une cérémonie où la musique nous entraîne dans l’univers du Guembri qui encense le public jusqu’à la danse. Le répertoire musical célèbre les esprits bienfaisants et évoque l’histoire de l’esclave en Tunisie, des protagonistes et des grandes familles tunisiennes qui ont participé à son développement. Ce patrimoine est le reflet de deux cultures qui se sont mélangés pour inventer un art L’histoire du Stambali raconte l’héritage spirituel de la communauté noire tunisienne au travers des chants et musiques joués au cours des cérémonies.
Riadh Ezzawech, le président de l’association et un des derniers initiés du Stambali :
Riadh Ezzawech est un des derniers défenseurs de cette culture. Il est le gardien de la zaouia Sidi Ali Lasmar depuis plus de 20 ans et participe à la vie locale de la communauté. A l’initiation de l’association, il porte les activités en tant que président et en tant que chef d’orchestre de la troupe Sidi Ali Lasmar. Tous les ans il fait revivre au sein du sanctuaire la mémoire des anciens et organise de nombreux concerts pour sensibiliser le grand public sur cette tradition. Depuis quatre ans, Riadh Ezzawech réhabilite des événements qui avaient disparu et qui participaient à la vie spirituelle et culturelle de la médina, tel que le Kharja des stambali qui invite le public à célébrer le Mawled au cours d’une procession.

