Réduire les risques du tabagisme en Tunisie : État des lieux et perspectives
Le tabagisme continue de représenter un défi majeur pour la santé publique en Tunisie. Une enquête récente révèle que près de 50 % des hommes tunisiens sont des fumeurs réguliers, avec une prévalence particulièrement élevée chez les jeunes adultes : 49,9 % des hommes âgés de 20 à 24 ans sont concernés. À l’inverse, le taux de tabagisme chez les femmes demeure faible, avec seulement 1,9 % de fumeuses. Cette situation est en partie attribuable à l’inefficacité des programmes de lutte contre le tabagisme, souvent limités dans leur portée.
Stratégies de santé publique pour combattre le tabagisme
Pour contrer ce fléau, plusieurs mesures ont été mises en place, telles que l’augmentation des taxes sur le tabac pour rendre les cigarettes moins abordables, l’interdiction de fumer dans les lieux publics, l’introduction d’avertissements sanitaires graphiques, ainsi que des campagnes de sensibilisation. Le soutien de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et de la Convention-cadre de l’OMS pour la lutte antitabac (FCTC) a été crucial dans l’élaboration de ces stratégies. Des initiatives, telles que la révision des lois et l’adoption de protocoles pour les avertissements sanitaires, ont été développées dans ce cadre. Cependant, malgré ces efforts, la prévalence du tabagisme n’a que peu diminué au fil des années.
Vers une stratégie de réduction des risques
Face aux résultats mitigés des approches traditionnelles, de nombreux experts tunisiens préconisent l’adoption de la réduction des risques. Cette stratégie a déjà montré son efficacité dans d’autres pays. Des exemples comme la Suède et le Royaume-Uni illustrent l’impact positif de l’utilisation de produits alternatifs, tels que le snus, les sachets de nicotine, et le tabac chauffé. En Suède, cette approche a permis de réduire la prévalence du tabagisme à 5,6 %, bien en dessous de la moyenne européenne de 23,5 %, tout en diminuant significativement les maladies liées au tabac.
L’approche de réduction des risques tabac consiste à proposer aux fumeurs des alternatives moins nocives, comme les produits de vapotage, le tabac chauffé ou encore les produits oraux. Les expériences internationales montrent que ces produits peuvent réduire les risques de maladies liées au tabagisme. Adopter cette approche en Tunisie pourrait renforcer les efforts de prévention et sevrage déjà en place.
Malgré les efforts de la Tunisie pour freiner le tabagisme, les résultats demeurent insuffisants. L’intégration d’une stratégie de réduction des risques pourrait représenter une solution complémentaire et efficace pour améliorer la santé publique et réduire les taux de tabagisme dans le pays.
