Quand le changement climatique ronge les forêts, la Tunisie dessine son contre-feu !
Lors d’un atelier national sur la protection des forêts contre la désertification, la sécheresse et les changements climatiques, M. Houssein Salmi, directeur général de l’Institut des Forêts et des Pâturages de Tabarka, a insisté sur la nécessité de définir une feuille de route nationale. Cet événement, organisé par l’Institut en partenariat avec l’Association « Shanti », a mis en lumière les menaces croissantes qui pèsent sur le patrimoine forestier tunisien.
Le directeur a souligné que le « devoir national » envers les forêts, pour limiter l’impact de la sécheresse et des dérèglements climatiques, exigeait « l’établissement urgent d’un plan d’action stratégique ».
Les principaux axes de cette feuille de route s’articulent autour de plusieurs actions prioritaires :
- La lutte contre les incendies de forêt.
- La diversification du couvert végétal.
- La constitution de réserves hydriques forestières grâce à la création de lacs et de barrages collinaires.
- La valorisation des sources naturelles et des cours d’eau.
- La diversification des pâturages et la protection des sols forestiers pour sauvegarder la faune sauvage.
Une stratégie pragmatique et humaine
Pour sa part, M. Jelal Chaabbeni, coordinateur des projets à l’Association « Shanti », a mis l’accent sur la nécessité d’élaborer une feuille de route et un plan stratégique « réalistes et applicables ». Ceux-ci doivent, selon lui, « redonner ses lettres de noblesse à la forêt » tout en prenant en compte « les populations vulnérables », premières affectées par les changements climatiques.
La feuille de route défendue par l’association repose sur cinq piliers fondamentaux :
- Consolider le lien entre la forêt et les communautés riveraines.
- Réviser le code forestier pour clarifier le cadre juridique s’appliquant aux usagers.
- Rationaliser l’exploitation des ressources pour garantir la durabilité des écosystèmes.
- Optimiser l’utilisation des ressources en eau pour combattre la sécheresse et l’avancée du désert.
- Concilier impératifs économiques, via une production forestière pérenne, et objectifs sociaux, en développant des projets d’économie solidaire.
Un écosystème précieux en danger à Jendouba
L’atelier a également été l’occasion de rappeler l’importance cruciale des forêts du gouvernorat de Jendouba. S’étendant sur 120 000 hectares, elles jouent un rôle économique et social majeur en contribuant au revenu national brut.
Pourtant, malgré un climat humide et d’importantes ressources naturelles, cette région subit de plein fouet l’aggravation des effets du changement climatique. La biodiversité est affectée et les écosystèmes, tant terrestres que marins, sont perturbés. De nombreuses espèces animales ont déjà disparu, et d’autres, comme le cerf de Barbarie (ou cerf de l’Atlas), le chacal et le Grand-duc (oiseau emblématique surnommé localement « boumzine », sont désormais menacées d’extinction, en raison des pressions humaines et des aléas naturels.