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Médicaments : ruptures critiques, le Comité de vigilance sommé d’agir

La secrétaire générale du Conseil national de l’ordre des pharmaciens, Mme Thouraya Nifer, a indiqué dimanche que le marché tunisien des médicaments connaît des ruptures sur plusieurs références, avec un pic constaté au cours de la semaine écoulée.

Selon elle, la pénurie touche des traitements vitaux, notamment pour les maladies de la thyroïde, certains troubles psychiatriques et plusieurs types de cancers, des médicaments importés, souvent récents ou non fabriqués en Tunisie faute de technologies suffisamment avancées. Les causes sont multiples, à la fois financières et logistiques.

Un pic lié aux tensions de trésorerie

Mme Thouraya Nifer précise que ce pic récent est directement lié à des problèmes de liquidités à la Pharmacie centrale, qui attend le règlement de créances auprès de la Caisse nationale d’assurance-maladie (CNAM) , sur fond de crise des caisses sociales, ainsi que des hôpitaux publics.


Ce phénomène n’est pas nouveau, ses premiers signes datent de 2014 et il persiste depuis, avec une intensité variable.

L’industrie locale sous pression

L’industrie pharmaceutique nationale, qui couvre près de 70 % des besoins du marché, subit à son tour des contraintes structurelles : décalage entre des prix demeurés inchangés depuis longtemps et la hausse des coûts (matières premières, charges diverses), fragilité financière de certains laboratoires, lenteur des autorisations pour la mise sur le marché de nouvelles spécialités (délais pouvant atteindre quatre ans), Manque de capacités technologiques pour certaines molécules récentes ou à haute technicité.

Réunir d’urgence le Comité de vigilance

Pour sortir de l’impasse, Mme.Nifer appelle à la réunion régulière mensuelle, en théorie  du Comité de vigilance du médicament au sein de l’Agence nationale du médicament, instance qui n’a pas siégé selon la cadence prévue. 

Elle invite à mettre en œuvre les recommandations du ministre de la Santé, M. Moustapha Ferjani, en matière de rationalisation de l’usage du médicament, afin de garantir l’accès pour tous les patients.

« La rationalisation de la consommation de médicaments est une discipline à part entière qui conditionne la pérennité de cette ressource vitale », souligne-t-elle, appelant à résoudre la crise des caisses sociales et, par ricochet, la trésorerie de la Pharmacie centrale.

Les principaux axes du plan national

La feuille de route nationale récemment arrêtée lors d’une réunion présidée par le ministre de la Santé comporte plusieurs mesures prioritaires :

  • Mise en place, à la Pharmacie centrale, d’une plateforme d’alerte précoce pour signaler tout risque de rupture.
  • Obligation pour les fabricants de déclarer régulièrement leurs stocks afin d’éviter les ruptures soudaines.
  • Coordination en amont avec les laboratoires en cas de perturbation de la production.
  • Campagne nationale de sensibilisation en faveur du médicament générique.
  • Invitation des médecins et pharmaciens à s’appuyer sur les données nationales pour prescrire et rationaliser les ordonnances.
  • Information du public sur le bon usage des traitements.

Au-delà du constat, les acteurs du secteur insistent sur une réponse coordonnée, financièrement soutenable et technologiquement adaptée pour sécuriser la chaîne d’approvisionnement et préserver l’accès aux thérapies essentielles.

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