Environnement

L’importance du secteur de la réfrigération dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre qui provoquent des changements climatiques et appauvrissent la couche d’ozone

Par ce temps estival, la canicule n’est jamais loin. Dans certains pays du Moyen-Orient la température atteint parfois 50 à 55 degrés. Sous un soleil aussi brûlant, il est difficile de se passer de la climatisation, des réfrigérateurs et des congélateurs.

Si l’on parle de réfrigération, on l’associe toujours à la modernité. En effet, ce procédé est l’épine dorsale de notre vie quotidienne, qui est souvent négligée ou sous-estimée.

L’industrie du froid joue un rôle important et en constante croissance dans l’économie mondiale. Il s’agit ici des secteurs qui impliquent la création de froid, en particulier dans les domaines de l’alimentation, de la santé, de l’énergie et de l’environnement. Nombreuses sont les activités qui dépendent de la capacité à maintenir le froid.

La croissance de ce secteur doit être durable, avec un impact limité sur l’environnement et plus précisément sur le changement climatique.

Le changement climatique présente des risques réels et mesurables pour les systèmes sociaux et environnementaux dont dépendent les entreprises.

Comment le secteur de la réfrigération permet-il de lutter contre les changements climatiques en réduisant les émissions de gaz?

Les émissions directes et indirectes

Il existe deux types d’émission de gaz à effet de serre liés au secteur du froid: les émissions directes et indirectes. Les émissions directes de frigorigènes à effet de serre qui surviennent lors des travaux de maintenance ou en fin de vie des équipements frigorifiques, mais sont également dues à des fuites au cours de leur fonctionnement. Ce sont ceux qui participent au plus au réchauffement climatique .

Les émissions indirectes de frigorigènes à effet de serre, quant à elles, sont liées à la production d’énergie nécessaire au fonctionnement des systèmes frigorifiques.

Il est important de comparer les émissions directes et indirectes générées par le secteur du froid pour évaluer leur impact sur le changement climatique.

La contribution de la réfrigération à la composante environnementale du développement durable peut être expliquée en examinant le rôle essentiel des technologies du froid dans le maintien de la biodiversité. Les systèmes de réfrigération et les pompes à chaleur font partie des technologies écologiques pouvant utiliser les énergies renouvelables.

Cependant, l’impact négatif du froid sur l’environnement doit également être pris en compte.

M. Zouhair Landoulsi, secrétaire général de l’Association Tunisienne de Réfrigération et de Climatisation et le gérant de International of Cold and Air Conditionned, a expliqué, lors d’une interview exclusive pour l’Echo Tunisien, que « des recherches et des expérimentations ont montré que les réfrigérants fluorés (dont la molécule contient un atome de fluor), notamment les hydrofluorocarbures (HFC), font partie des gaz à effet de serre, leur équivalent carbone atteignant plusieurs milliers. Par exemple, le réfrigérant fluoré R404A utilisé notamment dans les équipements de réfrigération commerciale atteint environ 4000 équivalents CO2. Cela signifie que 1 kg de ce réfrigérant émis dans l’espace équivaut à 4000 kg équivalent de CO2 .»

Actions à adopter

Pour cette raison, les actions des acteurs de l’industrie du surgelé pour lutter contre le réchauffement climatique s’orientent comme suit: Un confinement amélioré du réfrigérant, une charge de réfrigérant réduite, le développement d’alternatives avec un impact négligeable ou nul sur le climat, le développement d’alternatives pour comprimer les vapeurs appropriées, la formation/certification des techniciens, la réduction de la consommation d’énergie primaire en augmentant l’efficacité énergétique du système de réfrigération, l’utilisation de frigorigènes, naturels ou synthétiques, à faible effet de serre. Sans oublier que les activités de recherche et développement liées au froid doivent être davantage stimulées.

Réalisations dans le secteur du froid

Parmi les projets qui ont permis le développement du secteur du froid en Tunisie, le Système de surveillance de température avec notification des alarmes par GSM, pour signaler la haute et la basse température. Un projet créé par L’International of Cold and Air Conditionned, fin 2020, qui permet de suivre la température des sites de production et de stockage ainsi que les moyens logistiques à distance.  

Un deuxième projet est le programme de remplacement des réfrigérateurs anciens par des appareils énergétiquement performants : PROMO-FRIGO, mis en place par l’Agence Nationale pour la Maîtrise de l’Energie sur la période 2017-2021. L’objectif du projet est de faire remplacer 400.000 appareils exclusivement par des appareils de classe 1 et 2.
Ce programme améliore significativement l’efficacité énergétique de la flotte en service, en anticipant l’innovation, orientant ainsi les acheteurs vers les appareils de rang 1 et 2, ce qui stimule significativement l’offre d’appareils performants de la part des fabricants.

Sensibilisation des individus et des entreprises

Les entreprises et les individus doivent aussi adapter les comportements adéquats et être conscients de la gravité de ces changements climatiques.
La possession d’un réfrigérateur à usage des salariés ou d’un réfrigérateur professionnel, nécessite de savoir que ces appareils ont tendance à consommer de grandes quantités d’énergie. En effet, dans tous les cas, produire de l’air froid nécessite un compresseur qui consomme beaucoup d’énergie… Il est donc utile de connaître les bonnes pratiques qui peuvent être adoptées pour réduire la consommation, peu importe la taille ou le type d’équipement. L’une des meilleures pratiques est d’informer et sensibiliser les personnes et les utilisateurs du froid sur l’importance de leur rôle et de leurs actions dans la maîtrise des consommations énergétiques et la qualité du produit. Par exemple, diminuer le temps de présence humaine dans la zone froide, puisqu’un être humain génère une puissance calorique de 80 W au repos. De plus, il est important de gérer les ouvertures des portes pour éviter les pertes d’air froid.

Assurer un bon entretien de l’installation, nettoyer et dégivrer régulièrement les condenseurs afin d’éviter l’encrassement des échangeurs qui réduisent la puissance des aéroréfrigérants sont également des comportements à adopter.

De même, il est important de bien choisir les équipements de réfrigération et de bien comprendre leur technologie. La mise en place d’une gestion optimisée des compresseurs se traduira par des économies de coûts d’exploitation à moyen terme.

Choisir un équipement performant au moment de l’achat permet un amortissement plus rapide.

Il faut penser par la suite à l’entretien de l’équipement de réfrigération. Ce qui est important pour maintenir de bonnes performances tout au long de la durée de vie de l’équipement. Par exemple, le lavage du condenseur est important pour faciliter l’élimination des calories du cycle de réfrigération. Par ailleurs, le choix d’un endroit non confiné facilite l’aération. Cela garantit de bonnes performances et évite une surconsommation. Il est aussi primordial de s’assurer de la compétence des utilisateurs, puisqu’une installation frigorifique est une affaire de spécialistes. La compétence des personnes assurant le fonctionnement des installations est un élément indispensable à leur pérennité.

Il ne faut sans doute pas oublier de contrôler régulièrement et réparer les fuites de fluides frigorigènes qui sont une cause de la baisse de performances de l’installation. C’est d’ailleurs une obligation réglementaire.

M. Landoulsi, qui, lors de la Journée Mondiale du Froid a obtenu le certificat Champion du froid, pour sa contribution pertinente au développement du secteur du froid en Tunisie, a déclaré que « suite à l’accord de Kigali qui est un amendement au Protocole de Montréal, pour réduire l’utilisation des réfrigérants qui causent l’appauvrissement de la couche d’ozone, plusieurs changements et accords internationaux ont été effectués ». Il a rajouté par ailleurs que « ceci a nécessité de sensibiliser et d’informer tous les acteurs du secteur de la Réfrigération et de l’Air-Conditionnement, en principe, que chaque être humain vivant sur la planète doit maintenir la qualité du climat dans le présent et pour les générations futures, car si la température continue d’augmenter, elle va provoquer la fonte des glaces des pôles et l’émergence de grandes tempêtes et des incendies partout».

« Quant à la technicité, elle concerne le changement résultant de la bonne manipulation obligatoire des réfrigérants fluorés utilisés, comme demandé par l’Amendement de Kigali, et la nécessité de la formation technique adéquate pour faire face aux réfrigérants alternatifs hautement toxiques ou très inflammables, ou travailler dans des conditions difficiles et dangereuse», a souligné la même source.

Face aux enjeux de sécurité alimentaire, sanitaires, énergétiques et environnementaux, il est évident de constater que le froid est indispensable à l’humanité et doit devenir une priorité pour les gouvernements. La formation et le perfectionnement en réfrigération doivent être développés et davantage de jeunes doivent être orientés vers des emplois d’avenir avec de très bonnes perspectives.

Des investissements dans les infrastructures sont nécessaires pour mettre en place les équipements appropriés. L’efficacité énergétique du système de réfrigération doit être améliorée. Il s’agit ainsi d’effectuer de la recherche et du développement de sources d’énergie renouvelables (solaire, éolienne, géothermique, biogaz, etc.)

« J’exhorte tous les techniciens, en particulier les jeunes, et les entreprises travaillant dans le service d’installation et de maintenance d’équipements de secteur RAC à suivre une bonne formation et à obtenir le certificat de qualification nécessaire pour traiter les réfrigérants fluorés qui seront donnés par l’Agence Nationale pour la Protection de l’Environnement. De plus, il faut être bien formé sur le travail avec les nouveaux réfrigérants alternatifs aux HFC.», a conclu M. Zouhair Landoulsi.

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