Libye : une trêve fragile après plusieurs jours de violents combats à Tripoli
La capitale libyenne, Tripoli, connaît une situation sécuritaire tendue après plusieurs jours d’affrontements armés intenses qui ont éclaté le 12 mai 2025 entre des groupes armés rivaux. Ces combats, parmi les plus graves depuis plusieurs années, ont fait au moins six morts et ont profondément perturbé la vie quotidienne dans la ville.
Les violences ont débuté après l’assassinat d’Abdel Ghani Al-Kikli, surnommé « Gheniwa », chef de l’Appareil de soutien à la stabilité (SSA), un des groupes armés les plus puissants de Tripoli. Sa mort, survenue lors d’une médiation dans une caserne d’un groupe rival, a déclenché une escalade des combats entre le SSA et des forces loyales au gouvernement d’Abdelhamid Dbeibah, reconnu par l’ONU et basé à Tripoli.
Ces affrontements ont conduit à la fermeture des écoles, de l’université et du seul aéroport desservant la capitale, Mitiga. De nombreux commerces sont restés fermés, et la population civile a été fortement impactée, avec des risques accrus de déplacements massifs et de dangers pour les civils, selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).
Après trois jours de combats, une trêve fragile a été instaurée jeudi 15 mai, mais la tension reste palpable. Les partisans du SSA ont affirmé leur volonté de poursuivre les responsables de la mort de leur chef, ce qui laisse craindre une reprise des hostilités. Les autorités libyennes ont décrété un cessez-le-feu et déployé des troupes pour tenter de stabiliser la situation, mais la présence massive de groupes armés dans la capitale complique la tâche.
La Mission d’appui des Nations Unies en Libye (MANUL) et plusieurs ambassades, dont celles des États-Unis et de l’Union européenne, ont exprimé leur inquiétude face à cette escalade. La Turquie, qui soutient le gouvernement Dbeibah, a également appelé au dialogue et à un cessez-le-feu immédiat.
La flambée de violence a suscité des manifestations de colère à Tripoli, notamment sur la place des Martyrs, où des citoyens ont exprimé leur frustration face à l’insécurité et à la paralysie des institutions. Plusieurs ministres du gouvernement d’union nationale ont démissionné en signe de protestation, accentuant la crise politique.
La Tunisie a appelé à un arrêt immédiat de l’escalade et s’est déclarée prête à accueillir un dialogue inter-libyen sous l’égide de l’ONU, insistant sur la nécessité d’une solution politique inclusive et pacifique pour garantir la stabilité et l’unité du pays.
La Libye reste divisée entre deux autorités rivales : le gouvernement reconnu internationalement à Tripoli et une administration concurrente dans l’est du pays, contrôlée par le maréchal Khalifa Haftar. La récente flambée de violence à Tripoli illustre la fragilité du statu quo établi depuis 2020 et pourrait annoncer une recomposition des forces politiques et militaires.