Le Conseil de la presse appelle les médias au respect des normes professionnelles et éthiques
Dans un communiqué publié mardi, le Conseil de la presse affirme que le droit à l’information est un droit constitutionnel et éthique intangible, que les médias publics comme privés doivent respecter pleinement et explicitement. Il appelle au respect des standards de professionnalisme, d’objectivité et de déontologie dans la couverture de l’actualité et la production de contenus, en recourant à tous les genres journalistiques afin de refléter la pluralité des opinions et des faits, à l’abri de toute sélectivité.
Le Conseil dit suivre avec une vive inquiétude le black-out médiatique qui a entouré des événements nationaux majeurs, dont les récentes mobilisations organisées par l’opposition, des organisations de la société civile, l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) et des collectifs citoyens dans plusieurs régions. Il relève une quasi-absence de couverture par un certain nombre de médias publics et privés, à de rares exceptions dont certaines se sont éloignées de l’essence de l’information, tant dans le fond que dans le commentaire et l’image.
Passer sous silence des événements d’importance nationale, les traiter de manière sélective ou recourir à des stratégies de contournement affaiblit, selon lui, la confiance des citoyennes et des citoyens dans les médias et contribue à une altération de la conscience publique. Cela ouvre la voie aux rumeurs et à la diffusion de fausses informations sur les réseaux sociaux, tout en portant atteinte à l’éthique et aux règles du métier.
Le Conseil rappelle la responsabilité partagée de l’État, des propriétaires de médias, de la société civile et des journalistes pour garantir une information à la hauteur des attentes du public. Le respect de la vérité et le droit du public à la connaître constituent une responsabilité commune, qui commence avec la journaliste et le journaliste et s’étend à l’ensemble des acteurs des secteurs public et privé. Il invite les rédactions à préserver leur indépendance, à activer les mécanismes d’autorégulation et à se référer à leur conscience professionnelle ainsi qu’aux chartes déontologiques face à toute pression ou tentative d’instrumentalisation.
Dans le contexte de la fermeture du siège de l’Instance d’accès à l’information et du gel des activités de la Haute Autorité indépendante de la communication audiovisuelle (HAICA), le Conseil réaffirme le droit du public à l’accès à l’information et la nécessité de renforcer la transparence et la reddition des comptes. Il souligne l’importance d’une régulation effective du paysage audiovisuel pour juguler le désordre médiatique actuel.
Enfin, il met en garde contre la prolifération de formations expéditives au journalisme proposées par des structures informelles de véritables « officines » et contre la confusion croissante entre milieu professionnel et usurpateurs de titres. Le Conseil renouvelle son appel à une réforme globale et courageuse du secteur des médias, de nature à consolider son indépendance et à restaurer la confiance du public.