La Tunisie, capitale méditerranéenne de l’IA
La Tunisie accueille pendant deux jours, les 21 et 22 novembre, la deuxième édition du Forum méditerranéen de l’intelligence artificielle (FMIA), un an après son lancement à Marseille. Placé sous le double parrainage des ministères tunisiens des Technologies de la communication et de la Santé, ainsi que du ministère français de l’Europe et des Affaires étrangères, l’événement aspire à jeter les bases d’un partenariat technologique inédit entre les deux rives de la Méditerranée.
L’ouverture officielle a été marquée par les interventions de Mme Nadia Hai, ambassadrice déléguée interministérielle à la Méditerranée pour la France, et de MM. Sofien Hemissi et Mustapha Ferjani, respectivement ministres des Technologies de l’information et de la communication (TIC) et de la Santé en Tunisie. Ils ont unanimement souligné le rôle fédérateur de l’IA pour relever les défis communs à la région.
L’éthique, condition sine qua non d’une gouvernance efficace
Intervenant lors d’un passage médiatique, M. Taoufik Jelassi en a souligné l’importance cruciale. « Ce forum est crucial pour la région, car une gouvernance efficace de l’IA est impossible sans un solide fondement éthique », a-t-il affirmé. Il a ensuite salué l’anticipation de l’UNESCO : « L’UNESCO a fait preuve d’un rôle visionnaire en établissant, il y a déjà cinq ans, la première norme mondiale sur l’éthique de l’IA, bien avant l’avènement d’outils comme ChatGPT. »
« Notre travail a débuté en 2018 par de vastes consultations mondiales, a-t-il expliqué. Un groupe d’experts internationaux a ensuite planché pendant plus de deux ans sur un cadre pour une utilisation éthique et responsable de l’IA. Car le paradoxe est là : il s’agit d’une technologie extrêmement puissante, au potentiel immense dans des secteurs comme la santé ou l’éducation, mais qui génère autant d’interrogations et de risques que d’opportunités. La question fondamentale reste donc : comment exploiter et capitaliser pleinement les bénéfices de l’IA ? »
M. Jelassi a ensuite énuméré les défis éthiques prioritaires : « La question centrale est de savoir comment garantir que l’IA respecte les droits humains et la dignité des personnes, tout en prévenant l’usage abusif des données. Nous devons également éliminer les biais algorithmiques et assurer une réelle égalité de genre. Face à ces enjeux, la mise en place de garde-fous robustes est indispensable. L’innovation véritable consiste précisément à progresser dans un cadre qui honore ces valeurs fondamentales. »
En conclusion, il a réaffirmé l’engagement de l’UNESCO : « L’UNESCO est pleinement mobilisée. Notre rôle va au-delà de l’accompagnement : nous ambitionnons d’être un moteur dans la formation des talents et la structuration d’un écosystème IA durable. Car maîtriser cette technologie est un levier indispensable pour la prospérité et le développement. C’est pourquoi l’intelligence artificielle doit impérativement se hisser au rang de priorité absolue dans les stratégies nationales, régionales et continentales. Une vision dont je me porte entièrement garant. »
Ce forum positionne ainsi la Tunisie comme un acteur clé dans la construction d’un avenir numérique méditerranéen, où l’innovation se conjugue nécessairement avec l’éthique et la coopération internationale.

