La reprise économique est confirmée, mais fragile, alerte la Banque mondiale
La Tunisie affiche une reprise économique modérée, mais celle-ci reste inégale et vulnérable. C’est le principal enseignement du rapport « Tunisia Economic Monitor – Automne 2025 » de la Banque mondiale, dont les conclusions ont été présentées ce mercredi 26 novembre. Axé sur le renforcement des filets de sécurité sociale, le document dresse un état des lieux en demi-teinte de la conjoncture nationale.
Une croissance tirée par des secteurs clés
Selon les données compilées par l’institution, l’économie tunisienne a enregistré une croissance de 2,4 % sur les neuf premiers mois de l’année 2025. Cette dynamique positive repose essentiellement sur trois piliers.
En tête, le secteur agricole a connu une véritable embellie, avec un bond de 9,5 % dans sa production. Cette performance exceptionnelle s’explique par des récoltes record d’huile d’olive et de céréales.
Le secteur de la construction, après trois années difficiles de stagnation, redémarre vigoureusement avec une croissance de 5,7 %, signe d’un regain d’activité dans le bâtiment et les travaux publics.
Enfin, le tourisme continue sur sa lancée et dépasse désormais ses niveaux d’avant la crise du Covid-19, confirmant la robustesse de la reprise dans ce secteur vital pour les devises et l’emploi.
Des points noirs persistent
Ce tableau encourageant ne doit pas masquer des faiblesses persistantes. Deux secteurs sont en net recul. Le secteur financier a subi une contraction de 8,8 %, une conséquence directe, selon le rapport, de récentes modifications réglementaires et d’une hausse de la fiscalité qui pèse sur les institutions bancaires.
Parallèlement, le secteur des hydrocarbures plonge de 10,5 %. Cette baisse drastique est attribuée à la fermeture progressive de plusieurs champs pétroliers et à un manque criant de nouveaux investissements pour explorer et exploiter de nouveaux gisements.
Une reprise en demi-teinte au regard de la région
Malgré des signaux positifs, la Banque mondiale tempère l’optimisme. Elle souligne que la croissance tunisienne reste modeste comparée à celle de ses voisins régionaux. Un indicateur symbolique : le pays n’a retrouvé son niveau de PIB de 2019 qu’à la fin de l’année 2024, illustrant le retard accumulé.
La productivité globale de l’économie demeure faible, entravée par des obstacles structurels de long terme. L’accès difficile au financement pour les entreprises et les pesanteurs en matière de gouvernance continuent de freiner l’ambition de la Tunisie de se hisser au rang des économies à revenu intermédiaire supérieur.
Perspectives et recommandations
Les prévisions pour l’ensemble de l’année 2025 tablent sur une croissance de 2,6 %, soutenue par la continuation du rebond dans l’agriculture et la construction.
Face à ce constat, la Banque mondiale appelle à poursuivre résolument les réformes structurelles. L’amélioration du climat des affaires et des conditions de concurrence est présentée comme une condition sine qua non pour asseoir une reprise plus solide, plus inclusive et capable de générer une prospérité partagée.

