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Jendouba sème les graines de l’indépendance sucrière

Le gouvernorat de Jendouba est devenu le théâtre du lancement officiel de la campagne de plantation de betteraves sucrières pour la saison 2025-2026. Cette relance stratégique, pilotée par le ministère de l’Agriculture, a pour ambition avérée de reconstituer une filière sucrière nationale et de réduire significativement la dépendance tunisienne aux importations.

L’objectif est de couvrir 3 000 hectares de terres agricoles. Cet objectif est intimement lié au redémarrage tant attendu du complexe sucrier Ginor Ben Bechir, la seule unité industrielle du pays spécialisée dans la transformation de la betterave sucrière, qui était paralysée depuis deux années complètes.

Une usine ressuscitée pour une production stratégique

La résurrection de cette filière s’inscrit dans une politique plus large visant à sécuriser l’approvisionnement en sucre, produit de première nécessité. Selon les projections opérationnelles, cette renaissance agricole et industrielle devrait permettre une production annuelle d’environ 30 000 tonnes de sucre blanc. Un chiffre qui se traduit concrètement par des économies substantielles pour le Trésor public, évaluées à 60 millions de dinars par an sur la facture d’importation.

Cependant, la chaîne betteravière n’est pas sans défis. Elle impose une logistique de précision : une fois arrachée, la betterave doit impérativement être livrée à l’usine dans un délai de 24 à 48 heures pour garantir la préservation de sa précieuse teneur en sucre, une contrainte technique majeure pour les agriculteurs et les transporteurs.

Surmonter les déboires passés pour assurer l’avenir

Le complexe Ginor, cédé au secteur privé en 2013, a enchaîné les difficultés à partir de 2018. Un cercle vicieux s’était installé, alimenté par des superficies contractuelles insuffisantes, des coûts de production trop lourds pour les agriculteurs et des retards chroniques dans le versement des aides promises. Cette situation avait conduit à une mise à l’arrêt de deux ans, faisant planer la menace d’une fermeture définitive.

La campagne 2025-2026 se présente donc comme une opération de sauvetage et de consolidation. Son succès repose sur un principe fondamental : atteindre un volume de production minimum garantissant la viabilité économique de l’ensemble de la filière. Les autorités misent sur une approche intégrée, plus robuste, qui harmonisera les engagements contractuels, la logistique et les aspects financiers, afin de tourner la page des échecs passés et d’ancrer durablement cette production stratégique dans le paysage agro-industriel tunisien.

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