JCI 2025 : La Tunisie invente l’avenir de l’entrepreneuriat africain
Tunis s’apprête à tourner une page marquante de son histoire contemporaine. La capitale tunisienne a vibré, durant une semaine, au rythme du Congrès mondial de la Jeune Chambre Internationale (JCI), un événement phare qui a drainé plus de 3 000 jeunes leaders originaires de 120 pays. Cette édition 2025, portée par une dynamique afro moyen-orientale affirmée, a projeté l’image d’une Tunisie résolument tournée vers l’avenir, incubateur d’initiatives et poussée par l’audace de sa jeunesse.
Une vitrine internationale pour une génération en action
Plus qu’une simple rencontre, ce congrès s’est imposé comme une plateforme d’échanges et un puissant levier de rayonnement. Il intervient à un moment charnière pour la Tunisie, dont la jeunesse, connectée et diplômée, cherche à dessiner son propre destin, en dépit d’un contexte socio-économique complexe.
L’événement a servi de caisse de résonance à des parcours inspirants, comme celui d’Ali Koubaa. Cet ingénieur-transformé-en-entrepreneur incarne la nouvelle vague des chefs d’entreprise tunisiens. À la tête d’Auto Sans Risque, une startup labellisée depuis 2023, il s’attaque au marché de l’automobile d’occasion avec un credo d’instaurer confiance et transparence.
« Notre ambition est de digitaliser l’expérience automobile en intégrant des services innovants de diagnostic et d’accompagnement », explique-t-il. Sa plateforme propose ainsi un parcours sécurisé, s’appuyant sur un réseau national d’experts agréés pour des inspections avant achat ou vente, et une liste de véhicules certifiés.
« Nos diagnostics ne sont pas une charge, mais un investissement intelligent. Ils permettent d’éviter les mauvaises surprises et de réduire les coûts sur le long terme », assure Koubaa. Un modèle économique qui se veut rentable et durable, grâce à la digitalisation et un réseau partenarial, permettant de maintenir des tarifs accessibles.
La Tunisie, tremplin vers l’Afrique
Au-delà de son business model, Auto Sans Risque participe à la professionnalisation du secteur automobile local. Mais la vision dépasse les frontières nationales. « Malgré un marché tunisien encore restreint, la Tunisie représente un laboratoire d’innovation pour le continent africain. Notre ambition est d’en faire un hub pour des solutions automobiles fiables, connectées et 100% digitales », ambitionne l’entrepreneur.
Cette aspiration à un impact élargi est partagée par les structures d’accompagnement. Omar Bejaoui, Project Manager dans un programme d’incubation, défend des leviers tels que « l’investissement dans les compétences, le soutien à l’entrepreneuriat et la valorisation des chaînes de valeur locales ». La Fondation Tunisie pour le Développement, explique-t-il, mise sur des partenariats alignant les objectifs du privé et du public pour offrir aux jeunes « des formations pratiques et un accès à des opportunités économiques ».
La JCI, architecte de réseaux et de compétences
La force de cet écosystème réside aussi dans son maillage international. Saidou Sanou, Vice-président exécutif mondial de la JCI, observe depuis son poste d’observation privilégié l’émergence d’une génération déterminée. « Les jeunes entrepreneurs d’Afrique et du Moyen-Orient jouent un rôle central dans la relance économique durable », affirme-t-il.
L’organisation s’emploie à catalyser cette énergie via des programmes comme le « Creative Young Entrepreneur » (CYE) pour l’innovation responsable, « JCI Rise » pour la résilience post-crise, ou « JCI in Business » pour le réseautage international. L’objectif est de transformer « la fragilité économique en une économie plus durable, numérique et socialement responsable ».
Face à des défis communs – chômage des jeunes, manque d’industrialisation – la JCI promeut une coopération interrégionale renforcée. Jumelages, partage de bonnes pratiques, et surtout, la création d’un réseau régional d’incubation visent à soutenir les startups et à promouvoir une économie circulaire.
Pour préparer les leaders de demain, la JCI mise sur la formation au leadership digital et éthique, incluant l’usage responsable de l’intelligence artificielle. Elle intègre les ODD dans ses projets et favorise la mise en réseau avec des experts des secteurs technologique et environnemental.
« La JCI ne se limite pas à former des leaders pour aujourd’hui, elle prépare une nouvelle génération de décideurs visionnaires, capables de transformer les défis technologiques et écologiques en opportunités de croissance, de durabilité et d’inclusion », conclut Saidou Sanou. Un message fort, lancé de Tunis, à l’adresse du monde.

