Espèces en circulation : record historique à 26 milliards de dinars en Tunisie
La masse fiduciaire franchit un seuil symbolique, sur fond de recul du chèque et de tensions inflationnistes.
D’après les données de la BCT, le 26 août 2025 marque un cap inédit, la masse fiduciaire en Tunisie a atteint 26,019 milliards de dinars, un niveau jamais enregistré. C’est la première fois que la barre des 26 milliards est franchie.
Sur un an, la masse fiduciaire a augmenté d’environ 3,37 milliards de dinars, tandis qu’elle représenterait désormais près de 15,6 % du PIB, un ratio élevé pour une économie à la recherche de liquidité bancaire et de financement productif.
Pourquoi le “cash” progresse
Plusieurs facteurs nourrissent cette « explosion du cash ». En tête, la nouvelle loi sur les chèques, entrée en vigueur en février 2025, a accéléré le repli des paiements par chèque au profit des règlements en espèces, jugés moins risqués par de nombreux acteurs. À cela s’ajoutent la persistance de l’inflation et le poids de l’économie informelle, qui absorbe une part croissante des liquidités.
Des risques pour la liquidité… et l’inflation
Cette montée du numéraire affaiblit la liquidité du système bancaire, les dépôts se raréfient, la capacité de crédit des banques s’en trouve mécaniquement réduite, et complique la lutte contre l’inflation, déjà sous pression. Elle entrave aussi la traçabilité des flux et alimente l’informel, autant de défis pour la politique monétaire et prudentielle.
Et maintenant ?
Face à cette dynamique, l’enjeu pour les autorités est double, ré-amener une partie du cash vers les dépôts et accélérer l’usage des moyens de paiement électroniques (cartes, virements, mobile money), tout en rassurant sur le cadre fiscal et réglementaire. Des campagnes d’inclusion financière ciblées, des plafonds d’acceptation du cash pour certains paiements, et des incitations tarifaires côté banques et commerçants pourraient contribuer à inverser la tendance.