Diversification financière : une impérieuse nécessité pour une croissance durable
Alors que l’économie nationale confirme son redressement, les experts alertent sur un impératif : celui de diversifier ses sources de financement. Une croissance robuste et pérenne ne saurait, en effet, reposer sur un pilier unique, aussi solide soit-il.
La prééminence fiscale, une force… et une fragilité
Le système fiscal tunisien, substantiellement réformé, est devenu le principal pourvoyeur de fonds de l’État, représentant en moyenne plus de 87% de ses ressources. Cette tendance est haussière, comme en témoigne la croissance de 6,2% des recettes enregistrée sur les huit premiers mois de 2025, pour atteindre environ 29,1 millions de dinars.
Si cette performance est saluée, elle suscite également une vigilance accrue parmi les analystes. Ceux-ci pointent le risque d’une dépendance excessive, jugeant que la solidité financière d’un pays ne peut être assurée sans une diversification de ses ressources. « Une large dépendance à une source unique pourrait exposer la nation à des risques conjoncturels majeurs », soulignent-ils. Parmi ces périls figurent les chocs exogènes, une perte de flexibilité budgétaire, voire un surendettement forcé en cas de contre-performance.
Les investissements, levier prioritaire pour une résilience économique
Cette concentration présenterait un autre écueil, celui de décourager le développement d’autres activités économiques, affectant in fine l’inclusion et la résilience nationales. Plus grave encore, elle pourrait, selon les spécialistes, « affecter la capacité de notre pays à investir dans les secteurs stratégiques et compromettre la transition vers une économie durable ».
Conscient de cet enjeu, le Chef de l’État ne cesse de réaffirmer la nécessité de fonder notre économie sur une approche globale et intégrée. La priorité est donc d’explorer de nouvelles pistes pour garantir des finances publiques plus fiables. La dynamisation de l’investissement, particulièrement dans les industries à forte valeur ajoutée, apparaît comme une parade prioritaire.
Les autorités soulignent que les conditions sont réunies pour un décollage, grâce aux améliorations de l’environnement des affaires, à la consolidation des incitations financières et aux assouplissements administratifs. Le nouveau projet de réforme et de développement du système national d’investissement, évoqué par la Cheffe du gouvernement, est présenté comme un catalyseur destiné à répondre aux exigences présentes et futures de l’économie.
Création de richesses et inclusion financière
Un volume d’investissement accru est toujours synonyme de création de nouvelles richesses, de l’émergence de sources de financement alternatives et de l’identification de nouvelles opportunités de développement. En parallèle, la réactivation de l’appareil productif, via l’approfondissement des réformes sectorielles, l’innovation, la digitalisation et la transition écologique, est essentielle pour consolider l’inclusion financière.
Ainsi, au-delà de la nécessaire efficacité de la fiscalité, l’avenir économique de la Tunisie se jouera dans sa capacité à mobiliser et à diversifier ses ressources, faisant de l’investissement le véritable socle d’une prospérité partagée et durable.

