Déficit commercial : une dégradation persistante qui inquiète
La balance commerciale tunisienne plonge dans le rouge plus profondément. Selon les derniers chiffres publiés mercredi par l’Institut National de la Statistique (INS), le déficit commercial a atteint un niveau alarmant de -18 435,8 millions de dinars (MD) à la fin octobre, en nette aggravation par rapport au déficit de -15 716,4 MD enregistré à la même période de l’année 2024.
Cette dégradation s’accompagne d’un recul du taux de couverture, qui s’établit désormais à 73,9%, contre 76,7% un an plus tôt, soulignant la difficulté des exportations à suivre le rythme des importations.
Une facture énergétique qui pèse lourd
L’analyse par groupes de produits révèle que le déficit est principalement tiré par quatre postes : l’énergie (-9 181,5 MD), les matières premières et demi-produits (-5 191,8 MD), les biens d’équipement (-2 927 MD) et les biens de consommation (-1 769,1 MD). En contrepoint, le secteur de l’alimentation fait figure d’exception avec un excédent de +633,6 MD.
Il est à noter que le déficit de la balance commerciale, une fois l’énergie soustraite, se réduit à -9 254,3 MD. Ce chiffre met en exergue le poids considérable du déficit énergétique, qui s’élève à -9 181,5 MD, affichant toutefois une légère amélioration par rapport aux -9 396,7 MD de la période janvier-octobre 2024.
Exportations : une timide progression de 1,1%
Le tableau n’est pas entièrement sombre. Les exportations tunisiennes affichent une légère progression de 1,1% sur les dix premiers mois de l’année 2025, passant de 51 623,4 MD à 52 214 MD.
Cette performance est portée par des secteurs dynamiques tels que les mines, les phosphates et leurs dérivés (+9,4%) et les industries mécaniques et électriques (+7,7%). Cependant, d’autres secteurs peinent : les exportations d’énergie ont chuté de 29,2%, en raison notamment du recul des ventes de produits raffinés. Le secteur des industries agroalimentaires a également enregistré un recul de 13,8%, imputable à la baisse des exportations d’huiles d’olive. Le textile, l’habillement et les cuirs affichent une légère baisse de 0,9%.
L’Union Européenne, partenaire majeur
L’Union Européenne reste le débouché principal des produits tunisiens, absorbant 70,5% des exportations totales. Les ventes vers le Vieux Continent ont atteint 36 787,9 MD, en hausse par rapport à 2024. Cette progression est tirée par de bonnes performances avec l’Allemagne (+10,7%), la France (+9,6%) et les Pays-Bas (+6,4%). En revanche, les exportations ont reculé vers l’Italie (-8,1%) et l’Espagne (-16,7%).
Les échanges avec les pays arabes montrent également des signes encourageants, avec des hausses notables vers le Maroc (+36,1%), l’Égypte (+35%), l’Algérie (+10,4%) et la Libye (+4,4%).
La hausse des importations, principal facteur de déséquilibre
Le principal défi réside dans la croissance plus vigoureuse des importations, qui ont augmenté de 4,9% pour atteindre 70 649,8 MD. Cette inflation des achats à l’étranger touche particulièrement les biens d’équipement (+14,5%), les matières premières et demi-produits (+6,7%) et les biens de consommation (+10,9%). Seules les importations de produits énergétiques (-9,3%) et alimentaires (-5,7%) ont reculé.
Les importations provenant de l’Union Européenne (43,3% du total) ont augmenté, avec des hausses en provenance de France (+11,8%) et d’Allemagne (+8,1%). Hors UE, les achats ont fortement progressé avec la Chine (+25,1%) et la Turquie (+13,6%), tandis qu’ils diminuaient avec la Russie (-19,4%) et l’Inde (-4,9%).

