Economie

Budget 2026: le dinar pourrait s’effondrer !

Dans le débat autour du projet de budget 2026, la proposition d’autoriser les Tunisiens résidant localement à ouvrir des comptes en devises sans autorisation préalable de la Banque Centrale suscite de vives réserves chez certains économistes. Larbi Benbouhali a publié une analyse alarmante sur les réseaux sociaux, qualifiant cette mesure de « risque majeur » pour la stabilité financière nationale.

Une réforme nécessaire, mais pas à n’importe quel prix

Si l’expert se dit favorable à une modernisation du cadre juridique datant de 1976 et plaide pour le développement de solutions comme le « Mobile Banking » susceptible de bancariser des millions de Tunisiens , il s’oppose fermement à une libéralisation brutale des comptes en devises pour le grand public. « Le système économique tunisien n’est pas prêt à absorber un tel choc », affirme-t-il.

Les leçons de l’international : exemples de la Chine et du voisinage

Benbouhali rappelle l’exemple de la Chine, où la détention de devises est strictement encadrée, et cite les cas récents de l’Égypte, du Liban ou de la Libye. Dans ces pays, la combinaison de déficits structurels et d’une convertibilité trop permissive a conduit à une dépréciation violente des monnaies locales, une inflation importée galopante et une fuite des capitaux.

« Imaginer 200 000 jeunes Tunisiens achetant simultanément le dernier iPhone en devises, tandis que d’autres importent du blé ou des médicaments, ferait s’effondrer la valeur du dinar », illustre-t-il, soulignant que 77% de l’économie tunisienne est tirée par la consommation, un terrain fertile pour la spéculation.

Des vulnérabilités économiques exacerbées

L’expert dresse un constat sans appel, déficit commercial chronique, déficit énergétique, inflation plus élevée que chez les partenaires commerciaux et pression continue sur le dinar. Injecter la possibilité d’une spéculation de masse sur les devises, dans ce contexte, reviendrait, selon lui, à « ouvrir la vanne de la fuite des capitaux » et à obliger la BCT à maintenir des taux d’intérêt rédhibitoires pour l’investissement.

Une alternative : priorité à la modernisation et à l’inclusion financière

Plutôt qu’une libéralisation risquée, Benbouhali recommande de cibler d’abord les réformes structurelles :

  1. Généraliser l’identification fiscale unique pour chaque citoyen.
  2. Développer massivement la bancarisation mobile pour intégrer l’économie informelle (35% du PIB).
  3. S’inspirer des succès tunisiens à l’export (InstaDeep, Telnet, etc.) qui ont su tirer parti du cadre existant.
  4. Renforcer les réserves de change et la solidité du système bancaire.

Un délai de cinq ans pour une transition sécurisée

Sa conclusion est de reporter l’éventuelle mesure d’ouverture générale à un horizon de cinq ans. Le temps de consolider l’économie, d’atteindre un niveau de réserves de change robuste (200 jours d’importation) et de mettre en place des garde-fous. À ce stade, un accès limité et contrôlé aux devises (par exemple, un plafond annuel de 10 000 dollars pour les dépenses à l’étranger) pourrait être envisagé, sous étroite supervision de la Banque Centrale.

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