Culture et arts

Alya Hamza, la journaliste et autrice Tunisienne : Une carrière qui nous apprend

Elle était récemment adoubée chevalier des Arts et des Lettres. Un peu plus tôt, elle publiait un livre atypique, un livre coup de cœur consacré à la ville de Mahdia. Elle en sortira bientôt un autre sur les Savoir Faire des artisans du pays. Elle continue bien sûr de tenir sa rubrique historique des « Indiscrétions d’Elyssa » dans la Presse. Et parallèlement assure la direction artistique de deux galeries d’art.

Autant de choses qui nous ont donné envie de rencontrer Alya Hamza, la journaliste et autrice tunisienne, qui ne cesse de nous émerveiller par son récit et qui a décidé aujourd’hui de se confier à l’Echo Tunisien.

Vous venez de publier un livre de chroniques sur la ville de Mahdia : «  Chroniques d’une ville heureuse ».

Qu’est-ce qui vous a donné envie d’écrire ce livre ?

Depuis de longues années, je passe mes étés à Mahdia. Mon époux, mes enfants en sont originaires, et j’ai autant adopté cette cité qu’elle m’a adoptée. Il faut savoir que Mahdia n’est pas une ville comme les autres. Toutes les villes, bien sûr, ont un passé, une histoire, des histoires, des mythes et des légendes. De par son passé, de par son ouverture aux vents du large, de par sa fidélité et son ancrage dans ce passé, Mahdia en a peut-être plus que d’autres. Tout ceci offrait matière à raconter. Le long temps du confinement a, pour moi, constitué le détonateur du désir d’écrire ce que je portais plus ou moins consciemment d’ailleurs en moi.

Comment votre pratique a-t-elle évolué entre votre premier livre et celui-ci ? Quelles sont vos influences et vos inspirations ?

Mon premier livre, et les deux ou trois suivants d’ailleurs, ont été consacrés à l’art : monographie d’un peintre, histoire d’une collection, d’un collectionneur. Tous tournaient autour d’un domaine que j’affectionne : la peinture.
Ce sont des livres qui demandent recherches, références, documentation.
Celui-ci est totalement différent. C’est un petit livre de chroniques, de petites histoires du quotidien, racontées avec émotion, tendresse et humour. Du moins je l’espère.
Je souhaite commencer ainsi une collection qui offrira une autre façon d’appréhender une ville. Le prochain sera consacré à Tozeur.

D’une façon générale, comment écrivez- vous ? J’entends par là cette évolution à partir de l’éclosion du sujet jusqu’à sa mise en écriture ?

Le sujet peut m’être suggéré, proposé, ou s’imposer de lui-même. Cela peut même partir d’une phrase qui vous donne envie d’être développée, qui devient un chapitre, s’étire, se développe, et arrive à un livre. Ce sera là le processus du prochain projet dont je vous parlerai une autre fois.

Parlez-nous un peu de votre rubrique « Les Indiscrétions d’Elyssa » dans la Presse

Je dis toujours que c’est une rubrique historique. J’en ai hérité en fait, la rubrique ayant été créée par ma mère, première journaliste tunisienne, Nefissa ben Saïd à qui l’encyclopédie réalisée par le Credif sur les cent femmes les plus importantes de Tunisie rend hommage. A la suite d’un différent avec Smadja qui dirigeait alors la Presse, Nefissa ben Saïd quitta le journal, et créa, à l’Action, une rubrique jumelle : « De vous à moi » de Didon, ce qui était le second nom de la reine Elyssa, et un pied de nez pour Smadja. Lorsque jeune étudiante, je décidai de commencer parallèlement à mes études une carrière de journaliste, on me confia la mission de reprendre cette rubrique. Une rubrique qui eut toujours beaucoup de succès parce que, avouons- le, nous jouions sur la paresse des gens, et leur offrions l’occasion d’apprendre les nouvelles en quelques lignes.

Revers de la médaille, parce que très lue, elle me causa souvent problèmes et remontrances.

Le 19 mai dernier vous étiez décorée chevalier de l’ordre des Arts et des Lettres, une décoration que l’on dit plus rare que la légion d’honneur. Que signifie cet hommage pour vous ?

Une jolie reconnaissance pour l’amour d’une langue que Bourguiba porta haut et fort en se faisant père fondateur de la francophonie.

Parallèlement à votre carrière de journaliste, vous avez pris en charge la direction artistique de deux galeries d’art

Pour moi, ce serait presque complémentaire comme activité. La première, Antinéa Galerie, est logée dans les murs de l’ancien garage Citroen, un bâtiment des années 30. Elle réunit collections anciennes et peintures contemporaine, invitant régulièrement de jeunes artistes à exposer aux côtés de maîtres anciens. Mais aussi orchestrant rencontres, échanges, signatures de livres et différents évènements artistiques et culturels.

La seconde, TGMGallery, a une vocation didactique. Elle se propose de présenter les grands mouvements de la peinture tunisienne, gardant trace de ces expositions de collectionneurs par des catalogues documentés. Et de réunir une communauté de jeunes artistes autour de certains projets.

Là aussi, dans la présentation des projets, dans la rédaction des catalogues, il s’agit d’écriture.

Un futur évènement dans ces deux galeries à partager exclusivement avec nous ?

Oui, bien sûr. TGMGallery ouvre sa saison. Dans la lignée de sa vocation, elle réunit un collectif de photographes à l’occasion de l’évènement JAOU au mois d’octobre. Et en novembre, elle présentera « Le temps des dames », une exposition consacrée à cinq artistes femmes de même génération ayant évolué selon des parcours différents, mais tous aussi valeureux.

Antinéa galerie quant à elle propose aux collectionneurs une sélection d’artistes orientalistes, de l’Ecole de Tunis, ou contemporains. Elle réunit également des collections de verreries et de céramiques anciennes, restituant les plus beaux témoignages de l’art artisanal.

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