Comment sauver l’aluminium tunisien ? Le Parlement répond par une exonération
Le Parlement tunisien a approuvé l’ajout d’un nouveau chapitre à la loi de finances 2026, instaurant une exonération des droits de douane pour les matières premières nécessaires à la fabrication de panneaux composites en aluminium. Cette mesure, portée par des députés, a été votée malgré l’opposition ferme de la ministre des Finances, Mme Mekkia Salem El Khaledi.
La ministre a contesté la procédure, estimant que la loi de finances n’était « pas le cadre approprié » pour une telle disposition. Lors de la séance plénière consacrée à l’examen des chapitres additionnels du projet de loi, elle a averti que l’inclusion de cette mesure « n’était pas de son ressort et entraînerait sa non application ».
Mme El Khaledi a proposé une alternative, suggérant que la demande d’exonération soit traitée dans le cadre du décret-loi n°1090 de 2004 (daté du 17 mai 2004) relatif au soutien de la compétitivité industrielle. Selon elle, les avantages demandés pourraient être intégrés via la liste annexée à ce texte réglementaire.
Un soutien conditionné à l’investissement
Le nouveau chapitre stipule que, pour bénéficier de cette exonération, les entreprises industrielles spécialisées devront obtenir un programme de travail validé par le ministère chargé de l’Industrie. Ce document devra attester de leur engagement dans un « investissement effectif » pour la fabrication de panneaux composites en aluminium.
La défense des députés : sauver un secteur en crise
Les députés à l’origine de la proposition ont justifié leur initiative par la nécessité de soutenir l’industrie nationale, d’améliorer sa compétitivité et de préserver l’emploi. Le député Mohamed Amine El Ourgi, qui a défendu le texte en séance, a alerté sur la situation critique du secteur.
Il a évoqué la présence de dix entreprises tunisiennes de fabrication de panneaux composites confrontées à « de multiples difficultés » et « menacées de fermeture ». Selon lui, l’industrie turque domine aujourd’hui le marché tunisien, une situation qu’il attribue à l’ancien accord de libre-échange avec la Turquie.
« Cet accord a rendu les coûts de fabrication en Tunisie plus élevés que ceux de l’importation de produits finis », a-t-il déclaré. Il a précisé qu’un fabricant local payait des droits s’élevant « entre 30 et 40 % » sur les matières premières, contre seulement « 7 % » pour l’importation de produits finis.
Ce vote du Parlement, pris outre l’avis du gouvernement, illustre les tensions autour des instruments de politique économique et la pression pour trouver des solutions urgentes face aux difficultés de certains secteurs industriels tunisiens. La mise en œuvre effective de cette mesure, compte tenu des réserves émises par la ministre des Finances, reste à clarifier.

