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Transition énergétique : pourquoi la Tunisie freine-t-elle ?

Dans un revirement significatif, les commissions des finances et du budget de l’Assemblée des représentants du peuple ont décidé d’annuler l’article 47 du projet de loi de finances 2026. Cet article, proposé par le gouvernement, prévoyait une réduction de 15 % des droits de douane sur les importations de panneaux solaires.

Un arbitrage entre industrie locale et transition énergétique

Portée par le Secrétariat d’État à la Transition Energétique, cette mesure visait initialement à dynamiser le secteur des énergies renouvelables. L’objectif affiché était triple : encourager le recours aux énergies alternatives, maîtriser les coûts de production de l’électricité solaire et accélérer le déploiement de centrales photovoltaïques. Le gouvernement proposait ainsi d’abaisser le taux douanier de 30 % à 15 %.

Lors de son audition, le secrétaire d’État a défendu cette orientation. Il a argué qu’une telle baisse permettrait de réduire significativement le coût de production de l’électricité, renforçant ainsi la compétitivité de l’industrie tunisienne et contribuant à résorber le déficit énergétique chronique du pays.

La fragile balance entre protectionnisme et compétitivité

Le cœur du débat réside dans la recherche d’un équilibre délicat. D’un côté, la nécessité de protéger une industrie nationale naissante, et de l’autre, l’impératif de rendre les investissements dans le solaire plus accessibles pour tenir les objectifs de la Stratégie nationale de transition énergétique.

Le secrétaire d’État a reconnu cette tension, soulignant que l’industrie locale bénéficie déjà d’avantages douaniers et que la qualité de sa production est contrôlée. Cependant, il a aussi levé un voile sur la réalité du secteur : le pays compte aujourd’hui 300 entreprises installatrices de systèmes solaires, contre seulement trois investies dans la fabrication. Un déséquilibre qui révèle la faible capacité d’industrialisation locale dans ce domaine.

Un impact financier non négligeable

Des données concrètes sont venues étayer le plaidoyer gouvernemental. Sur les huit premiers mois de l’année 2025, les importations de panneaux solaires ont représenté 75 millions de dinars. La réduction de 15 % des droits aurait donc allégé la facture d’environ 13 millions de dinars, une somme non négligeable destinée à soutenir l’investissement.

Malgré ces arguments, la décision des commissions parlementaires marque un coup d’arrêt à cette politique de facilitation. Elle souligne la prééminence, aux yeux des législateurs, de la protection d’un tissu industriel encore fragile face aux impératifs, pourtant pressants, de la transition énergétique. Le dossier devrait continuer à alimenter les discussions à l’approche du vote final du budget.

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