Sarra Zaafrani Zenzri dévoile les mesures phares du projet de loi de finances
Devant les membres de l’Assemblée des Représentants du Peuple (ARP) et du Conseil National des Régions et des Districts (Cnrd), la Cheffe du gouvernement, Sarra Zaafrani Zenzri, a présenté mercredi la déclaration gouvernementale, détaillant la vision et les moyens concrets pour incarner les grands principes directeurs de la Tunisie. Elle a situé le projet de budget 2026 au cœur de cette ambition, le décrivant comme le « mécanisme » capable de concrétiser une vision nationale axée sur la justice sociale et l’équilibre entre impératifs économiques, financiers et sociaux.
Une vision détaillée pour concrétiser les principes
Dans un discours inaugural, le président de l’ARP, Brahim Bouderbala, avait appelé à une « révolution législative » pour restaurer la confiance et adresser les préoccupations des citoyens. Un appel relayé par Imed Derbali, président du Cnrd, qui a souligné l’importance de ce budget comme première étape du plan quinquennal 2026-2030 et un pas essentiel vers l’édification d’un « État social et démocratique ».
Mme Zenzri, lors de sa première sortie publique majeure, a pris la parole pendant plus de 90 minutes pour esquisser les contours de l’action gouvernementale. Elle a insisté sur la complémentarité nécessaire entre le pouvoir exécutif et législatif, ainsi que sur l’impérieuse collaboration entre secteurs public et privé, y compris bancaire, pour relever les défis du développement.
Quatre piliers pour l’action gouvernementale en 2026
La Cheffe du gouvernement a structuré son action autour de quatre objectifs stratégiques pour l’année prochaine :
- Le rôle social de l’État : Cet axe prioritaire passera par la création d’emplois, la lutte contre le chômage, l’augmentation des salaires et des pensions pour viser une rémunération « décente et équitable », et le soutien renforcé aux secteurs de la santé, du logement, des transports et de l’éducation.
- La sécurité alimentaire et énergétique : Érigées en enjeu de sécurité nationale, ces deux dimensions recevront une attention particulière.
- L’équité fiscale : Le budget propose d’élargir la base de la taxe sur la fortune selon un principe « ascendant », visant une contribution plus juste.
- La modernisation administrative : Une « digitalisation totale » des services sera poursuivie pour faciliter les démarches des citoyens et lutter contre la corruption, l’évasion fiscale et la spéculation.
Les chiffres clés d’un budget ambitieux
S’appuyant sur une stabilisation politique, sociale et économique et des indicateurs positifs pour 2025, le gouvernement table sur une croissance de 3,3% en 2026, contre 2,6% anticipé cette année. Le revenu par habitant devrait progresser de 7,4%, tandis que l’investissement est attendu en hausse de 12%, pour représenter 16% du PIB.
Le projet de loi de finances prévoit des recettes et des dépenses s’élevant à 79 624 millions de dinars, en augmentation de 3,9% par rapport à 2025. Le déficit courant serait ramené à 3,6%, grâce à un soutien aux exportations et un contrôle accru des importations, notamment de produits de luxe.
Des mesures sociales et économiques ciblées
Parmi les mesures phares annoncées dans l’emploi public notamment l’ouverture de 51 878 postes, dont 22 523 nouvelles créations, s’agissant des subventions : le maintien du système de subvention des produits de base, avec une enveloppe augmentée de 278 millions de dinars. Concernant les services publics : la construction et réhabilitation d’établissements scolaires et hospitaliers, renouvellement du parc de transport public et promotion du logement social et enfin pour le soutien aux revenus, une aide ciblée pour les catégories à faible revenu et révision du fonctionnement des caisses sociales.
Consolider l’environnement des affaires
Pour stimuler l’économie, le budget 2026 mise sur une série de réformes, dont la digitalisation des services aux investisseurs via un guichet unique. D’importants projets d’infrastructure sont également au programme, comme la poursuite de l’autoroute Tunis-Jelma (budget de 2 295 millions de dinars) et le dédoublement de la route Sfax-Kasserine. Le secteur agricole bénéficiera quant à lui de nouveaux projets hydrauliques, représentant 63% des investissements publics dans ce domaine.
Les discussions se poursuivent à l’ARP pour enrichir le projet. Mme Zenzri a exprimé sa conviction que les contributions des élus permettront d’affiner l’action gouvernementale pour répondre aux aspirations des Tunisiens.

