Déficit commercial : la Tunisie tangente !
La balance commerciale de la Tunisie affiche une santé préoccupante pour la période de janvier à septembre 2025. Malgré une quasi-stagnation des exportations, la forte poussée des importations a creusé le déficit, reflétant les déséquilibres structurels persistants de l’économie nationale.
Un déséquilibre qui s’aggrave
Le déficit commercial s’est établi à -16 728,3 millions de dinars (MD), en nette augmentation par rapport au déficit de -13 497,4 MD enregistré à la même période en 2024. Cette dégradation de près de 24% est principalement imputable à une hausse soutenue de 5,4% des importations, qui ont atteint 63 148,1 MD, tandis que les exportations, elles, marquent le pas avec une progression infime de 0,03%, pour s’établir à 46 419,8 MD.
Conséquence directe, le taux de couverture, qui mesure le rapport entre les exportations et les importations, se dégrade, passant de 77,5% sur les neuf premiers mois de 2024 à 73,5% pour la même période en 2025.
Secteurs exportateurs : une performance en demi-teinte
Le tableau des exportations est contrasté. Deux secteurs tirent leur épingle du jeu : les industries mécaniques et électriques (+6,4%) et celui des mines, phosphates et dérivés (+8%). En revanche, d’autres secteurs clés sont en net recul. Les ventes dans le secteur de l’énergie se sont effondrées de 34,2%, principalement en raison d’un repli des exportations de produits raffinés. Le secteur des industries agro-alimentaires a également enregistré une baisse significative de 14,6%, largement expliquée par la chute des ventes d’huile d’olive. Le textile, habillement et cuirs complète ce tableau morose avec un recul de 1,3%.
Importations : la demande intérieure sous tension
La facture des importations alourdit considérablement la balance. Les achats de biens d’équipement ont bondi de 16,2%, signe possible d’investissements, tandis que les matières premières et demi-produits ont augmenté de 8,1%. Les biens de consommation affichent également une hausse notable de 11,4%, reflétant peut-être la dynamique de la demande intérieure. Seules les importations d’énergie (-11,8%) et de produits alimentaires (-3,5%) sont en retrait.
Partenaires commerciaux : une géographie en mutation
L’Union européenne reste le principal partenaire commercial de la Tunisie, absorbant 70,3% de ses exportations. Les ventes ont progressé vers l’Allemagne (+11,2%), la France (+8,4%) et les Pays-Bas (+7,2%), mais ont chuté vers l’Italie (-10,1%) et l’Espagne (-20,3%).
Du côté des pays arabes, les performances sont globalement positives avec des hausses notables des exportations vers le Maroc (+35,9%), l’Égypte (+33,5%), l’Algérie (+11,6%) et la Libye (+7,4%).
Pour les importations, si les achats en provenance de France (+12,7%) et d’Allemagne (+8,6%) progressent, ceux en provenance d’Italie, de Grèce et de Belgique reculent. Hors UE, les importations en provenance de Chine et de Turquie connaissent une forte croissance, tandis que celles de Russie et d’Ukraine s’effondrent.
Le déficit, une structure bien ancrée
L’analyse du déficit par groupe de produits est éloquente. Les principaux postes déficitaires sont l’énergie (-8 106,4 MD), les matières premières et demi-produits (-4 990,8 MD), les biens d’équipement (-2 693,7 MD) et les biens de consommation (-1 557,4 MD). Une lueur d’espoir cependant : le secteur de l’alimentation dégage un excédent de +620 MD.
Il est à noter que le déficit commercial hors énergie se réduit, s’établissant à -8 621,9 MD. Ceci souligne l’impact majeur, bien qu’en diminution, du poste énergétique sur l’équilibre global des échanges.