Economie

La reprise fragile de la Tunisie face au mur de la dette

La Tunisie pourrait enregistrer une croissance de 2,3 % en 2025, selon les dernières prévisions de la Banque mondiale. Si cette perspective dessine une légère embellie, portée principalement par le rebond du tourisme et une reprise attendue dans l’agriculture après la sécheresse de l’année précédente, les experts alertent sur la fragilité de cette trajectoire.

Une reprise portée par le tourisme et l’agriculture

Le rapport souligne que l’amélioration des performances dans les secteurs du tourisme, de l’agriculture et des services sera le principal moteur de cette progression. Cependant, ce timide optimisme est immédiatement tempéré par un constat sans appel : le pays reste enfermé dans un cercle vicieux marqué par un endettement public excessif et des difficultés chroniques à financer son budget.

Des déséquilibres macroéconomiques tenaces

En effet, la Tunisie continue de naviguer en eaux troubles. Une inflation élevée, estimée autour de 7 %, pèse durablement sur le pouvoir d’achat. Elle est alimentée par le coût des importations, notamment énergétiques et alimentaires, et la rigidité du système de subventions. Parallèlement, les conditions de financement extérieur restent tendues et la dette publique, qui dépasse désormais 85 % du PIB, limite sévèrement la marge de manœuvre de l’État.

Urgence des réformes budgétaires et structurelles

La situation des finances publiques est qualifiée de « préoccupante », avec un déficit public qui devrait se maintenir à 5,6 % du PIB. Pour la Banque mondiale, la résolution de ces déséquilibres passe impérativement par la mise en œuvre de réformes budgétaires courageuses et une restructuration du secteur public. L’objectif affiché est de rétablir la viabilité macroéconomique à moyen terme.

Une croissance à moyen terme conditionnée par les réformes

Le potentiel de croissance du pays reste entravé par l’incertitude politique et les retards accumulés dans les réformes structurelles, notamment celles concernant les entreprises publiques et l’amélioration du climat des affaires. La Banque mondiale estime qu’un renforcement du dialogue avec les partenaires internationaux est une condition sine qua non pour sécuriser l’accès à des financements extérieurs indispensables.

À moyen terme, l’institution table sur une stabilisation de la croissance autour de 2,5 %. Mais cette projection n’est pas une fatalité heureuse ; elle est strictement conditionnée à la prise de mesures concrètes pour améliorer la compétitivité et renforcer la gouvernance économique.

En définitive, la modération de la croissance prévue pour 2025 est le reflet de déséquilibres profonds et persistants. La concrétisation d’une perspective plus sereine à moyen terme exige une action résolue et coordonnée sur les plans budgétaire et structurel. Pour les autorités tunisiennes, le défi est de taille, stimuler une croissance atone tout en préservant une stabilité macroéconomique déjà précaire. La marge de manœuvre, elle, reste extrêmement étroite.

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