Fadel Chaker : la fin de 12 ans de cavale
Après plus de douze ans de fuite, le chanteur libanais Fadel Chaker s’est livré à l’armée libanaise pour être jugé, ramenant ainsi son nom sur le devant de la scène médiatique et suscitant un vif débat entre ses partisans et ses détracteurs.
L’artiste est poursuivi pour des accusations notamment d’appartenance et de financement d’un groupe qualifié de terroriste. Il avait préalablement été condamné par contumace à des peines pouvant atteindre 22 ans de réclusion criminelle avec travaux forcés.
Selon des médias, l’équipe juridique de Fadel Chaker prévoit de déposer une requête urgente devant le tribunal militaire libanais afin de fixer la date d’ouverture de son procès. Celui-ci reprendra à zéro depuis sa reddition. Des experts en droit indiquent que cette démarche annule les jugements précédents rendus par contumace, permettant l’ouverture d’un nouveau procès devant la juridiction militaire permanente. La loi l’autorise à solliciter une libération sous caution pendant la durée du procès, les verdicts demeurant susceptibles d’appel devant la Cour de cassation militaire.
Toutes les condamnations et mandats par contumace seront levés
Me Achraf El-Moussi, avocat et expert en droit pénal et militaire, a qualifié la reddition de Chaker « d’acte courageux et responsable ». Il a précisé que « les peines prononcées contre lui par contumace atteignent pour la plupart quinze ans, liées aux événements survenus à Abra en juin 2013 ».
L’avocat a déclaré qu’environ trois ou quatre affaires judiciaires ont donné lieu à des condamnations par contumace contre le chanteur, avec des peines allant de 5 à 15 ans d’emprisonnement. Les charges retenues incluent l’incitation au meurtre, l’opposition violente aux forces de l’armée libanaise, la perpétration d’actes terroristes et la constitution d’un groupe armé avec le cheikh Ahmad Al-Assir.
Il a ajouté : « Se constituer prisonnier volontairement témoigne d’un courage exceptionnel et démontre sa pleine confiance dans le système judiciaire libanais. Il s’est en effet présenté aux services de renseignement militaire dans le Sud, avant son transfert vers le ministère de la Défense à Yarzé, où il sera interrogé et où toutes les condamnations, alertes et mandats d’arrêt émis par contumace seront levés. »
Le tribunal pourrait prononcer des peines avec sursis
Me El-Moussi a expliqué que « les condamnations par contumace sont juridiquement annulées dès sa comparution devant le tribunal militaire, ouvrant la voie à un nouveau procès ». Il a estimé que « le dossier suivra une procédure judiciaire accélérée » et prévoit que « toutes ses affaires en instance seront closes avant la fin de l’année ».
Il a poursuivi : « Mon analyse est que le tribunal pourrait prononcer des peines avec sursis, d’autant que Fadel Chaker n’a pas joué de rôle central dans ces événements. Les éléments disponibles établissent qu’il n’a pas participé physiquement aux affrontements. »
Me El-Moussi a également indiqué, selon ses informations, qu’« une fois son procès terminé, Fadel Chaker se rendra en Arabie saoudite, où il devrait résider de façon permanente ». Il a précisé que « l’artiste n’envisage pas d’exercer sa profession de chanteur au Liban à court terme, et concentrera son activité artistique en Arabie saoudite, où il a signé des contrats pour des concerts à Riyad ».
Il a enfin affirmé : « Son acquittement par la justice libanaise est inéluctable. Il recouvrera la liberté sous quelques semaines, partira pour l’Arabie saoudite, et est entouré d’une équipe soudée incluant l’organisateur Emad Ghanem, le site international Charbilita, son fils Mohammed et son équipe juridique. »
Le communiqué de l’armée libanaise
Dans sa première réaction officielle concernant cette reddition, la « Direction de l’orientation » de l’armée libanaise a publié un communiqué confirmant les faits et annonçant l’ouverture d’une enquête judiciaire.
Le communiqué précise que « le 4 octobre 2025, dans la soirée, à la suite d’une série de contacts entre l’armée et les parties concernées, le fugitif Fadel Abdel Rahmen Chmander (Chaker) s’est rendu à une patrouille des services de renseignement à l’entrée du camp d’Aïn el-Helweh, près de « Saïda », dans le cadre des événements d’Abra en 2013 ».
Le texte ajoute que « l’interrogatoire de l’intéressé a débuté sous le contrôle de l’autorité judiciaire compétente ».
Rappelons qu’après plus de douze ans de cavale, l’artiste libanais Fadel Chaker s’est donc livré aux services de renseignement de l’armée, en préambule à son procès.