Le paiement mobile au cœur de la modernisation financière en Tunisie
Le secteur des paiements en Tunisie connaît une transformation sans précédent, portée par la digitalisation et l’adoption massive des nouvelles technologies. C’est ce que révèle le dernier bulletin semestriel publié par la Banque Centrale de Tunisie (BCT), qui dresse un panorama détaillé des moyens de paiement utilisés au premier semestre 2025.
Cartes bancaires et solutions électroniques
Avec 5,78 millions de cartes bancaires en circulation, la Tunisie voit une adoption croissante de ce moyen de paiement, en hausse de 5,3% sur un an. Ce succès s’accompagne d’une augmentation de 23% du nombre de transactions, qui atteignent près de 78 millions d’opérations pour un montant total de 13,87 milliards de dinars. Malgré une légère baisse des distributeurs automatiques (-0,5%), les terminaux de paiement électroniques dans les commerces progressent de 3,6%, confirmant un attrait évident pour le paiement sans numéraire.
Le mobile, moteur incontournable de la digitalisation
Sans surprise, le paiement mobile est devenu un pilier central des transactions financières en Tunisie. Plus de 207 000 portefeuilles électroniques sont actifs, avec un volume de transactions en hausse de 18,2% et une valeur qui explose de 41,7%, atteignant près de 2,87 milliards de dinars. Ces chiffres traduisent un basculement vers des solutions à la fois plus rapides et plus accessibles, particulièrement prisées des jeunes générations et des zones moins bancarisées.
Les transferts mobiles représentent plus de la moitié des montants échangés, et 60% des opérations quotidiennes, tandis que le retrait et le dépôt cash via ces portefeuilles connaissent une croissance fulgurante, notamment un retrait cash en hausse de 155%.
Instruments traditionnels : entre déclin et mutation
Si les paiements électroniques progressent, les moyens scripturaux traditionnels restent présents mais évoluent. Le nombre d’opérations par virements bancaires augmente de 17,6% pour atteindre 18,4 millions avec un volume de transactions s’élevant à 37,7 milliards de dinars.
En revanche, les chèques continuent à baisser, victimes de leur complexité et des délais, avec une réduction du volume des opérations et des taux de rejets encore élevés (plus de 9% en valeur). À l’opposé, les lettres de change connaissent une augmentation de plus de 30%, signe d’une évolution des mécanismes de paiement utilisés dans le commerce et les affaires.
Vers un système de paiement modernisé et sécurisé
La Banque Centrale met en œuvre plusieurs projets pour accompagner ces mutations, notamment la migration vers la norme SWIFT MX (ISO 20022) pour standardiser et sécuriser les échanges, la restructuration des infrastructures de compensation monétique, ainsi que l’intégration progressive de l’identifiant numérique électronique.
Cette dynamique se traduit aussi par le développement d’un schéma national de paiement sécurisé baptisé White-EMV et l’extension du système Elyssa-RTGS aux opérations en devises étrangères.