TICAD-9 : Le Japon déploie 1,5 milliard de dollars pour un développement durable en Afrique
Alors que la Chine reste un acteur majeur et dynamique dans le financement du développement africain, notamment à travers des prêts et investissements massifs dans les infrastructures, le Japon adopte une stratégie complémentaire, mais distincte. Lors de la 9ᵉ Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD-9) à Yokohama, le gouvernement japonais a dévoilé un engagement de 1,5 milliard de dollars en investissements d’impact. Ce financement, soutenu par l’Agence japonaise de coopération internationale (JICA) et des acteurs privés, vise à concilier développement économique, durabilité environnementale et progrès social en Afrique, notamment à travers la réduction des émissions de gaz à effet de serre et la promotion des objectifs de développement durable.
Contrairement au modèle traditionnel de financement par projet à grande échelle, souvent axé uniquement sur la construction d’infrastructures lourdes, l’investissement d’impact combine des objectifs sociaux et environnementaux avec la quête d’une rentabilité financière. Cette stratégie exige que chaque projet justifie une intentionnalité – autrement dit un effort conscient pour générer des bénéfices mesurables – ainsi qu’une additionnalité, c’est-à-dire l’appui à des initiatives qui n’auraient pu voir le jour sans ce financement. Ces critères, largement promus par le Global Impact Investing Network (GIIN), garantissent une plus grande transparence et un engagement réel en faveur du développement durable.
Concrètement, le Japon finance des projets tels que des parcs éoliens de grande échelle et des start-up santé innovantes, qui œuvrent à étendre l’accès aux soins dans des régions africaines souvent sous-équipées. Cette approche vise non seulement à accélérer la transition énergétique, mais aussi à renforcer les capacités humaines locales par la formation et le développement économique.
Cette stratégie s’inscrit dans un contexte de concurrence géopolitique accrue avec la Chine, dont les investissements en Afrique, bien que massifs, sont parfois perçus comme opaques et davantage centrés sur des gains à court terme autour des infrastructures physiques. Tokyo mise plutôt sur un impact de long terme, alignant ses interventions avec une vision plus intégrée du développement, qui combine enjeux climatiques, santé publique et croissance durable.
Pour le Japon, cette démarche s’avère aussi économiquement stratégique : en associant des investisseurs privés et l’Agence japonaise de coopération internationale (JICA), elle permet à ses entreprises de bénéficier de rendements financiers tout en consolidant leur présence dans un continent où l’économie connaît une transformation rapide. Cette orientation s’articule naturellement avec les ambitions internationales nippones, qui ont récemment porté leurs objectifs d’investissements directs à l’étranger à plus de 1 000 milliards de dollars d’ici 2035.