Le textile tunisien entre tradition et innovation : enjeux et perspectives (vidéos)
Depuis toujours, l’industrie textile en Tunisie a été bien plus qu’un simple savoir‑faire ou une activité économique : elle est le miroir d’une identité nationale et le témoignage d’une créativité transmise de génération en génération. À l’heure où les mutations technologiques et économiques s’accélèrent, ce secteur historique se trouve à la croisée des chemins : il doit concilier la préservation de son authenticité et l’adaptation aux exigences d’un marché mondial hautement concurrentiel.
Dans ce contexte, L’Echo Tunisien a rencontré M. Jalel Ben Haj Khalifa, expert en gestion de projets et ancien directeur général du pôle de compétitivité Monastir El Fejja (mfcpole), qui livre une analyse précise de la situation et des perspectives de cette filière stratégique.
Un héritage artisanal au service de la modernité
« le textile tunisien n’est pas seulement un produit, c’est une histoire qui se transmet à travers chaque fil tissé, chaque motif dessiné… »
M. Jalel Ben Haj Khalifa rappelle que le textile tunisien n’est pas une création récente : il prolonge des traditions profondément ancrées dans l’artisanat et la précision, du tissage des tapis aux collections de prêt‑à‑porter. La Tunisie a toujours occupé une place importante sur les marchés régionaux et internationaux ; aujourd’hui encore, le secteur reste l’un des piliers de l’économie nationale.
L’expert estime que l’avenir du textile tunisien repose sur la capacité des acteurs à marier l’authenticité des modèles inspirés du patrimoine et l’innovation technologique en production. Ce double ancrage — tradition et modernité — peut constituer un véritable atout différenciateur sur le marché mondial.
Investir dans les compétences et l’innovation
- « Investir dans les compétences et les technologies de pointe est la clé pour que le textile tunisien reste un acteur majeur sur la scène mondiale. »
Pour accompagner cette évolution, il est essentiel d’intensifier les efforts en recherche et développement, de former les jeunes talents et de favoriser les partenariats internationaux. Selon M. Ben Haj Khalifa, ces leviers permettront au secteur de gagner en compétitivité tout en affirmant son identité culturelle : le textile tunisien peut ainsi devenir à la fois un ambassadeur de la culture et un vecteur d’innovation.
Un secteur stratégique pour l’économie nationale
Le spécialiste souligne que le textile est une branche stratégique pour la Tunisie et un pilier de son économie. Le pays figure parmi les dix premiers fournisseurs de vêtements pour l’Union européenne ; la filière compte environ 1 500 entreprises et génère près de 150 000 emplois. Ces chiffres témoignent de son importance sociale et économique.
Une attention historique de l’État et des initiatives culturelles
M. Jalel Ben Haj Khalifa rappelle également que l’État porte une attention particulière à cette industrie depuis le début du XXe siècle. Dès 1910, des mesures de soutien ont été mises en place : formation professionnelle, campagnes de sensibilisation visant à encourager le soin apporté à l’habillement tout en préservant le costume traditionnel. Certaines de ces campagnes ont pris une tournure artistique, en sollicitant des créateurs et interprètes pour promouvoir l’élégance et la bonne présentation, dans l’objectif de valoriser la filière et d’éveiller les comportements de consommation.
Face aux défis de la mondialisation, le tissu industriel tunisien est à la fois riche d’un héritage artisanal unique et capable d’innovation. La réussite future du secteur dépendra de la convergence entre tradition, investissement dans les compétences, modernisation technologique et ouverture aux partenariats internationaux.
