Economie

36ème édition des journées de l’entreprise de l’IACE : Mot de M.Taieb Bayahi président de l’IACE

Les Journées de l’Entreprise, organisées par l’Institut Arabe des Chefs d’Entreprise (IACE) se déroulent les 8, 9 et le 10 décembre 2022. Cet événement porte sur « L’entreprise et la sécurité : Libertés et souveraineté ».

Lors de son allocution d’ouverture M. Taieb Bayahi, président de l’IACE a tenu à saluer les participants et expliquer que le choix du thème de cette édition s’est imposé en vue de la situation géopolitique, politique, économique et sociale, dans ce monde en pleine effervescence et ce pays toujours à la recherche d’équilibre et de stabilité depuis un certain 14 janvier 2011.

Il a continué en précisant que cette situation inédite, fait resurgir des notions et pratiques économiques telles que les conséquences de la crise sanitaire sans précédent, celle de la Covid 19, qui a sévit pendant deux longues années et qui n’est toujours pas éradiquée. Mais encore le conflit au centre de l’Europe entre la Russie et l’Ukraine, qui se déroule sous nos yeux, des menaces sérieuses qui pèsent sur notre sécurité économique et souveraineté nationale.

M. Bayahi a, par ailleurs, mis en garde contre cette tentation du protectionnisme sous toutes ses formes, et du repli sur soi et dont les conséquences directes de contre-mesures réciproques en représailles pourraient nous être bien plus insupportables que les prétendus bénéfices que nous pourrions en tirer.

Il a également incité à prendre garde à ce que l’Etat, et sous couvert de protection du citoyen et de son pouvoir d’achat, par ailleurs tout à fait légitime, ne mette en péril notre fragile tissu économique constitué en bonne partie d’entreprises familiales performantes et compétitives, patiemment développées durant plusieurs générations.

Notre sécurité et souveraineté est également menacé par notre absence de réaction face à l’émigration des meilleurs de nos médecins, nos ingénieurs, nos informaticiens, nos professeurs, nos entrepreneurs et plus généralement tous nos talents et que l’Etat a patiemment et chèrement formé, a indiqué M. Bayahi.

En évoquant les différents domaines qui touchent à la Souveraineté de notre pays tels que les ressources énergétiques, les ressources hydriques et la sécurité cybernétique, M. Bayahi a affirmé que l’Etat se doit d’exercer sa Souveraineté intérieure et faire appliquer ses décisions de politique économique et sociale s’il veut se défaire de notre trop grande dépendance à l’énergie importée et se donner de nouvelles marges budgétaires dont le pays a cruellement besoin.

En matière hydrique, jamais le stress n’a été aussi fort, accentué par le réchauffement climatique de la planète. Là aussi, la mise en pratique de décisions d’investissement par exemple dans des stations de déstalinisation se font cruellement attendre. 

M. Bayahi a expliqué qu’il  » n’est aucunement question de rejeter la responsabilité de la situation que vit notre pays exclusivement sur l’Etat et de lui demander de trouver seul les solutions, même si celui-ci a un rôle prépondérant et que lui-même assure vouloir assumer. Nous assurons, en tant que chefs d’entreprises vouloir également en prendre part dans une relation franche, honnête et apaisée dans l’intérêt exclusif de notre pays. Ceci est notre engagement, envers nos concitoyens, nos enfants et les générations à qui nous en sommes redevables « . 

Il a précisé entre autres que l’enjeu est de taille et qu’il s’agit de trouver les mécanismes, les moyens budgétaires tant institutionnels à adopter afin d’assurer la sécurité économique afin d’identifier des circonstances d’investissement soit nationales, soit pour attirer des IDE. Tout de même, la dépendance la plus importante pour nous c’est l’Energie. Et au même moment faut-il trouver l’équilibre entre reprendre la croissance économique et prendre les prérogatives en termes de sécurité alimentaire et énergétique.

Les énergies renouvelables, une problématique qui fait l’objet des débats publiques depuis des années, demeure inconcevable. Une problématique qui nous a tous brulé les lèvres à l’IACE depuis 2008 et continue à le faire : Il s’agit d’une question de stratégie de sécurité nationale. Ainsi ; il est d’autant plus nécessaire de considérer vers le dessalement d’eau saumâtre et d’eau de mer, qui est à notre sens, un pilier crucial de la stratégie nationale de mobilisation des ressources en eau, en particulier pour les ressources non conventionnelles.

On estime qu’en Tunisie d’aujourd’hui, c’est une solution incontournable pour satisfaire les besoins accrus en eau, de la population. Cette solution s’impose parce que toutes les nappes souterraines du pays sont surexploitées. En outre, il est grand temps d’envisager des mesures fiables et modernes pour faire face au stress hydrique, vu que notre chère patrie est pleinement exposée depuis presque 7 ans au changement climatique, sachant que la Tunisie est un pays pauvre en eau et se place, avec une disponibilité de près de 450 m3/habitant/an, au-dessous du seuil hydrique minimal.

La question de la cybersécurité s’ajoute aux défis sous mentionnés. Partout dans le monde, organisations, entreprises et gouvernements sont confrontés aux mêmes risques et mêmes défis.

La raison pour laquelle, la situation économique critique ne devrait pas occulter la problématique posée par la digitalisation de l’économie, les risques cybernétiques, criminelles ou militaires, compte tenu des réductions qui pourraient affecter les budgets de sécurité informatique en cette période de crise économique. Un risque omniprésent, menaçant la souveraineté numérique dans une période ou la virtualisation de l’économie et des monnaies s’installe.

La trappe de stagflation que le monde subit et qui va durer encore pendant une période, elle est aggravée pour le cas de notre pays, par notre situation économique difficile, ce qui a fait émerger ces problèmes de sécurité et de souveraineté.

Travailler sur l’issue de cette crise et comment se comporter afin de passer outre, sera possible en améliorant l’agilité, et les maitrises de coûts ne devraient pas nous faire occulter que désormais les responsables gouvernementaux, les responsables d’entreprises et d’organisations devraient inclure dans leur analyse de risque, de pérennité et de développement , ces questions de sécurité, de souveraineté et dépendance stratégique et qu’ils soient conscients qu’il est temps d’arrêter de se renvoyer la balle .

M. Bayahi a conclu en argumentant que nul ne peut nier que ce n’est pas au gouvernement seul de trouver la solution et de subir les coûts, mais aussi ce n’est pas aux entreprises uniquement de les subir en forçant les règles du marché sous prétexte qu’ils ont réalisé assez de gain auparavant.

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