Economie

3,5 milliards : le mois le plus fou de l’histoire de la tech MENA

Le paysage technologique du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (MENA) a vécu un véritable séisme financier au cours du mois de septembre 2025. Après un été relativement tranquille, l’écosystème des startups a enregistré une envolée spectaculaire, avec 3,5 milliards de dollars levés en seulement 74 transactions. Cette performance colossal contraste brutalement avec les 337,5 millions de dollars collectés en août, marquant une progression de plus de 900% en un seul mois.

La dette et la fintech aux commandes

L’analyse détaillée de cette manne financière révèle une tendance lourde : le recours massif à la dette. En effet, plus des deux tiers des fonds, soit environ 2,6 milliards de dollars, proviennent de ce type de financement. Le secteur de la fintech s’impose comme le moteur incontesté de cette ruée, captant à lui seul la quasi-totalité des investissements avec 2,8 milliards de dollars.

Le coup d’éclat est notamment signé par la saoudienne Tamara, qui a sécurisé une facilité de dette abyssale de 2,4 milliards de dollars. Elle n’est pas seule sur le podium, Hala a clôturé une série B à 157 millions de dollars, tandis que Lendo et Erad ont respectivement levé 50 et 33 millions. Hors de la fintech, la Prop Tech a également tiré son épingle du jeu, portée par le mégaround de 525 millions de dollars de Property Finder, faisant de ce secteur le deuxième plus important du mois.

La domination écrasante de l’Arabie Saoudite

La répartition géographique de ces investissements dessine une carte des plus inégales. L’Arabie Saoudite confirme son statut de locomotive régionale, avec 25 startups ayant collecté 2,7 milliards de dollars. Derrière, les Émirats arabes unis occupent la seconde place avec 704 millions de dollars répartis entre 26 jeunes pousses.

Le reste de la région semble presque en état d’hibernation financière en comparaison. Oman, le Maroc et l’Égypte naviguent en eaux profondes avec des levées respectives de 7,7, 6,8 et 3,2 millions de dollars, illustrant un fossé économique de plus en plus prononcé.

Dynamique early-stage et modèles hybrides en vogue

Malgré l’effet de démesure créé par les mégadeals, le terreau des startups reste fertile dans les phases précoces. Pas moins de 55 jeunes pousses en amorçage ont ainsi levé 129 millions de dollars, prouvant que la vitalité de l’écosystème ne se résume pas aux transactions géantes.

Par ailleurs, les modèles économiques hybrides, ciblant à la fois les entreprises et les consommateurs (B2B2C), confirment leur attractivité. Avec 15 opérations ayant cumulé 2,4 milliards de dollars, ils s’imposent comme une stratégie gagnante aux yeux des investisseurs.

Une ombre au tableau : l’immense disparité de genre

Cette euphorie financière ne doit pas masquer des réalités moins glorieuses. Le fossé des genres reste béant dans l’accès au capital. Les startups fondées exclusivement par des hommes ont capté 3,3 milliards de dollars, tandis que celles fondées par des femmes ont dû se contenter d’un million à peine. Un déséquilibre criant qui rappelle que la route vers un écosystème véritablement inclusif est encore longue.

Une année record en perspective

Ce mois exceptionnel a propulsé le troisième trimestre 2025 à un niveau stratosphérique, avec un total de 4,5 milliards de dollars levés. Cette performance représente une augmentation de 523% par rapport au trimestre précédent. Si cette dynamique se maintient, 2025 s’annonce non seulement comme une année de renaissance, mais pourrait bien entrer dans l’histoire comme l’année la plus faste jamais enregistrée pour la tech MENA.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *