1,8 milliard de dinars évaporés dans le secteur des boissons alcoolisées
La fraude fiscale dans le secteur de la production et du commerce des boissons alcoolisées a représenté un manque à gagner colossal de 1,8 milliard de dinars pour les caisses de l’État, selon les révélations d’Ali Khelifi, le chef de la Brigade des investigations et de la lutte contre l’évasion fiscale, plus connue sous le nom de « Police fiscale ».
Intervenant auprès de l’Agence TAP, le haut responsable a précisé que près d’un tiers de ce montant, soit 500 millions de dinars, est imputable au seul secteur des bars et restaurants.
Des opérations ciblées menées dans des établissements de nuit et des cafés touristiques localisés dans des zones prisées comme le Lac, Gammath ou La Soukra ont déjà permis de mettre au jour un déficit déclaratif de 90 millions de dinars. M. Khelifi a confirmé que les campagnes de contrôle se poursuivent activement dans ce domaine.
Champ d’action élargi : le e-commerce dans le viseur
L’activité de la Police fiscale ne se limite pas aux boissons alcoolisées. Son enquête dans le secteur du commerce électronique a ainsi révélé l’existence d’un volume d’affaires global d’environ 1700 millions de dinars, tandis que 7 596 vendeurs en ligne ont été identifiés comme exerçant leur activité sans posséder d’identifiant fiscal.
D’autres filières sensibles sont également scrutées par les enquêteurs, telles que les cliniques privées, les professions médicales, le commerce de gros des médicaments, les concessionnaires automobiles, la grande distribution et le secteur de l’assurance.
Des effectifs renforcés mais encore insuffisants
Face à l’ampleur de la tâche, la Brigade a procédé à un renforcement significatif de ses équipes. Le nombre d’enquêteurs est passé de 17 en 2023 à 40 à ce jour. Malgré cette augmentation, Ali Khelifi a reconnu que le capital humain « reste insuffisant au regard des défis existants ». Une augmentation supplémentaire des effectifs serait nécessaire pour optimiser l’efficacité des interventions sur le terrain.
Opérationnelle depuis janvier 2018 et placée sous l’autorité de la Direction Générale des Impôts (DGI) et de la supervision du parquet, cette unité spécialisée a pour mission de détecter, d’enquêter et de constituer des dossiers pour les infractions fiscales à caractère pénal sur l’ensemble du territoire.
Le chef de la Brigade a tenu à réaffirmer que toutes les actions sont menées « dans le strict respect de la loi et des droits des contribuables », avec pour objectif de lutter contre toute tentative de soustraction à l’obligation fiscale. L’engagement de ses équipes est, selon lui, de travailler sans relâche à l’édification d’« une administration fiscale à la fois forte et équitable ».

