Economie

Spécial Argentine : Situation économique et sociale en Argentine (2)

Persistance du déficit extérieur et consolidation budgétaire marginale en Argentine

La balance courante devrait rester déficitaire en 2023. L’excédent de la balance commerciale (3,8 % du PIB en 2021) devrait se réduire, sous l’effet d’une baisse des exportations, le pays étant confronté à la pire sécheresse qu’il ait connue en 60 ans, ce qui a une incidence sur les volumes d’exportations agricoles. En l’absence de contrôles plus stricts sur les importations, cette situation devrait prévaloir sur la baisse prévue des importations dans un contexte de ralentissement de la demande intérieure, ce qui devrait également entraîner une diminution du déficit commercial dans le secteur de l’énergie.

À cet égard, il convient de noter que le gouvernement prévoit que la première phase du gazoduc Néstor Kirchner sera achevée d’ici juin 2023. Ce gazoduc reliera la région de Vaca Muerta, dans le nord de la Patagonie – bien connue pour ses importants gisements de pétrole et de gaz de schiste – à la province de Buenos Aires. Le projet est d’une importance capitale pour réduire la dépendance à l’égard des importations d’énergie (et ainsi économiser des dollars) et représenterait un risque à la hausse pour la balance commerciale s’il était opérationnel avant la saison hivernale (juin à août).

Entre-temps, le déficit des services (0,7 % du PIB) et le déficit des revenus (2,0 % du PIB) devraient se réduire quelque peu, respectivement en raison de la baisse des coûts de transport et de la diminution des revenus des investissements étrangers rapatriés.

En ce qui concerne le financement, l’IDE restera faible en raison de l’incertitude économique et politique. En outre, bien que les réserves de devises étrangères s’élevaient à 44,6 milliards d’USD en décembre 2022, les réserves nettes (excluant les emprunts étrangers de la banque centrale auprès de la BRI, de la Chine et les réserves obligatoires en dollars) étaient estimées à seulement 7,7 milliards d’USD, ce qui donne une couverture des importations d’un peu plus d’un mois. Dans ces conditions, et pour atteindre l’objectif ambitieux d’accumulation de devises fixé par le FMI, à savoir 5 milliards d’USD en 2022 et 4,8 milliards d’USD en 2023, la banque centrale a progressivement durci, depuis mars 2022, les règles d’accès au marché officiel des changes pour les paiements à l’importation.

Il convient de noter qu’alors que le peso argentin reste arrimé au dollar, l’écart entre le marché des changes officiel et parallèle s’élevait à environ 100 % au début du mois de février 2023. En septembre 2022, la dette extérieure totale du secteur public équivalait à 53,3 % du PIB.

En outre, en 2023, le secteur public consolidé de l’Argentine devra faire face à des coûts de service de la dette extérieure (amortissement + intérêts) estimés à 28,9 milliards d’USD, soit 4,8 % du PIB estimé pour 2022 (y compris 20,6 milliards d’USD au FMI), contre 16 milliards d’USD de décaissements de la part du FMI.

Sur le plan budgétaire, l’Argentine aura du mal à respecter les termes de l’accord de consolidation conclu avec le FMI pour 2023, à savoir ramener le déficit primaire à 1,9 % du PIB (hors intérêts de la dette), contre une estimation de 2,4 % en 2022.

En ce qui concerne les recettes publiques, le ralentissement attendu de l’activité érodera les recettes fiscales. En outre, du point de vue des dépenses, le gouvernement devra améliorer l’efficacité et le ciblage de l’aide sociale et des subventions, tout en maintenant des projets d’infrastructure essentiels tels que les investissements dans les gazoducs.

Le financement du déficit budgétaire repose principalement sur les émissions nationales, alors que l’accord avec le FMI exige que la monétisation représente 0,6 % du PIB en 2023 (contre 0,7 % en 2022). Il convient de noter que des élections générales sont prévues en octobre 2023, ce qui pourrait renforcer la prudence du gouvernement et compromettre sa stratégie de réduction du déficit budgétaire.

Les principaux créanciers de la dette publique brute de l’Argentine (64% domestique contre 36% externe) sont les agences du secteur public local (46% du total), suivies par le secteur privé (local et non-résidents représentant 35% du total) et, enfin, les organisations multilatérales et bilatérales (19%). La dette en monnaie locale représente 33% de la dette publique totale, la plus grande partie étant indexée sur le dollar américain ou sur l’inflation.

(Données recueillies par Coface For Trade)

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *